Depuis quatre mois, une tragédie humaine se déroule sous nos yeux et s’aggrave jour après jour. Depuis quatre mois, les bombes pleuvent sur les hôpitaux comme sur les immeubles d’habitation, sur les femmes comme sur les enfants, sans distinction.
Depuis quatre mois, le gouvernement d’extrême droite de Benjamin NETANYAHU s’applique à bombarder méthodiquement la bande de Gaza. Une guerre tellement violente que le 18 décembre dernier, Tsahal a même tué 3 otages.
Laissez-moi rappeler quelques chiffres à cette assemblée : 27.500 personnes dont plus de 5.500 enfants et 3.500 femmes sont décédées. 65.000 personnes auraient été blessées, dont 10.000 enfants. Des milliers seraient portées disparues. Parmi ces victimes, de nombreux Franco-Palestiniens.
Selon l’O.M.S., à ce jour plus de 100.000 habitants de Gaza sont soit morts, soit blessés, soit portés disparus ou présumés morts. L’équivalent de la ville de Nancy qui serait rayé de la carte. Proportionnellement, en France cela correspondrait à peu près à 3 millions de victimes. Je le dis gravement, prenons pleinement conscience de ces chiffres, car derrière eux, mes chers collègues, il y a des noms, des visages, des vies brisées, des familles dispersées, ne les oublions pas. Lisez ces témoignages bouleversants des enfants comme Mohamad, 13 ans, qui ne voyant pas revenir sa mère, l’a retrouvée dans les nombreux cadavres arrivés à l’hôpital. Ces hommes, ces femmes et ces enfants ne sont pas que des chiffres ni de simples dommages collatéraux. Ce sont des vies détruites, un peuple amputé. Plus de 1,9 million de personnes ont été déplacées à l’intérieur du territoire, dont la moitié étant des femmes et des enfants actuellement hébergés dans des abris d’urgence.
Pour le programme alimentaire mondial, la famine n’est plus un risque, mais une réalité. Plus de 500.000 personnes sont confrontées à des niveaux catastrophiques d’insécurité alimentaire. Près de 10 % des enfants de moins de 5 ans souffrent de malnutrition aiguë. Les médecins français, les Nations-Unies alertent sur la situation désespérée, alors qu’au moins 300 professionnels de la santé ont été tués et qu’au moins 30 hôpitaux et 150 établissements médicaux ont été détruits. Pourtant, les bombardements continuent de pilonner la région, du nord au sud, y compris dans les espaces où les autorités israéliennes ont ordonné aux Palestiniens de se réfugier, y compris du côté de Rafat où plus de la moitié des 2,3 millions de Gazaouis s’entassent, faisant craindre le pire. Dans ces conditions, la suspension par plusieurs pays dont la France de leur contribution à l’U.N.R.W.A., la colonne vertébrale de l’aide humanitaire, constitue une menace terrible pour la survie des Palestiniens.
La délégation parlementaire de gauche a pu constater que des camions d’aide humanitaire étaient bloqués par le gouvernement israélien, et que dire de ces colons qui les attaquent et les empêchent de passer ?
Sans oublier que la Cisjordanie n’est pas épargnée, puisque l’armée israélienne et les colons multiplient les opérations coups de poing, fanatisés par les déclarations de ministres de ce gouvernement d’extrême droite. Plus de 3.000 Palestiniens ont perdu la vie, dont 94 enfants. Ce que subissent les civils palestiniens de la bande de Gaza est inhumain et insoutenable. Non, M. NETANYAHOU n’obtiendra pas la paix en faisant pleuvoir des bombes. Non, M. NETANYAHOU n’obtiendra pas la paix en affamant le peuple palestinien. Nous ne sommes pas les seuls à le dire. La Cour de justice internationale, saisie par l’Afrique du Sud, exige que l’Etat d’Israël prenne les mesures nécessaires pour prévenir toute incitation au génocide. Elle rappelle que le peuple palestinien doit être protégé. C’est d’ailleurs le sens de notre amendement visant à délivrer la citoyenneté d’honneur aux civils palestiniens.
La France doit agir pour un cessez-le-feu immédiat et permanent, pour l’ouverture d’un processus menant à une solution politique juste et durable. Elle doit et peut agir auprès de l’Union européenne pour la suspension de l’accord d’association liant cette dernière à l’Etat d’Israël. Elle doit reconnaître l’Etat de Palestine comme un premier pas vers une solution à deux Etats, dans le respect des frontières de 1967 et avec Jérusalem-Est comme capitale.
La levée du blocus de Gaza, l’arrêt de la colonisation et la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens et de Marwan BARGHOUTI font partie nécessairement de la perspective de paix autour de laquelle il est indispensable que soit convoquée une conférence internationale. Ce positionnement est d’autant plus urgent que l’acharnement militaire d’Israël fait craindre un risque d’embrasement du conflit au Moyen-Orient.
Mes chers collègues, face à ces drames, n’attisons pas les tensions que nous savons à fleur de peau. Comme l’a dit notre président, une vie est une vie.