Le 6 novembre dernier, Madeleine Riffaud nous quittait. Ce mercredi 20, une foule compacte était présente à ses obsèques au cimetière du Montparnasse. C’est un siècle de combats universels, d’engagements sans faille qui s’éteint. Cette fille d’instituteurs fut une grande résistante, une poétesse, une journaliste. Paris fut son refuge et son champ de bataille.
Dès l’arrivée des nazis, la jeune Madeleine, fervente communiste, s’engagea dans la Résistance. Elle devient Rainer en hommage au poète allemand. Elle fut de ces jeunes femmes qui prirent tous les risques. Dans l’ombre, elle ravitaillait les clandestins, organisait des recrutements et participait à des attaques stratégiques. Mais elle tenait à ses principes : "Jamais nous n’attaquions des civils, disait-elle, plutôt se faire crever". Au nom de cet engagement, elle abattit un sous-officier allemand en représailles du massacre d’Oradour-sur-Glane. Immédiatement arrêtée, elle subit les pires tortures de la police française, puis de la Gestapo, sans jamais céder. Elle échappa à la peine de mort et au camp de Ravensbrück pour reprendre le combat à la libération de Paris. Elle dirigea alors l’attaque héroïque d’un train blindé allemand dans le tunnel des Buttes-Chaumont. Cet exploit lui valut les galons de lieutenant des Forces françaises de l’intérieur.
Mais Madeleine Riffaud, c’est aussi une femme de mots et d’idées. Après la guerre, proche du couple Éluard/Aragon, elle s’engage au quotidien "Ce soir", où elle commence son activité de journaliste avant d’intégrer "La Vie Ouvrière", publication de la CGT. Vient le tour du journal "L’Humanité" en 1958, où elle couvre les guerres coloniales d’Indochine, d’Algérie, puis du Vietnam. Elle y relaie la lutte des peuples colonisés sans jamais délaisser le sort des travailleuses de France en enquêtant par exemple dans le monde de l’hôpital.
Honorons son héritage et inscrivons son nom dans nos rues, peut-être dans notre parc du Nord-Est parisien, pour rappeler aux générations futures que le courage, la justice et la vérité peuvent toujours triompher.