C’est avec une profonde émotion que je rends aujourd’hui hommage à Biyouna, de son vrai nom Baya Bouzar, née en 1952 à Belouizdad, en Algérie, et décédée le 25 novembre 2025 à Alger, à l’âge de 73 ans. Sa disparition a bouleversé l’Algérie comme la France.
Biyouna était une icône de la culture algérienne et francophone. Femme libre, intrépide et rebelle, elle a marqué des générations par sa voix rauque, son rire inoubliable et une présence scénique hors du commun. Son parcours personnel fut marqué très tôt par la violence et les interdits. Après la mort de leur père, son frère aîné, devenu chef de famille, maltraite ses sœurs pour les empêcher de danser et de jouer. Le refus de la liberté et de l’amour conduira même au drame, avec la disparition tragique de sa sœur Louisa.
Malgré tout, Biyouna n’a jamais renoncé. Elle a choisi de rester en Algérie durant la décennie noire des années 1990, alors que le pays était ravagé par la violence, faisant preuve d’un courage et d’un attachement indéfectible à sa terre.
Artiste complète, elle s’est illustrée comme chanteuse, actrice, danseuse et comique. Des mariages algérois à l’orchestre de Fadhela Dziria, du feuilleton culte Al-Hariq au cinéma avec Viva Laldjérie, Le Harem de Madame Osmane ou Paloma, elle a imposé un style unique. Sur scène, son one-woman-show Biyouna ! a confirmé son immense talent et sa proximité avec le public.
Biyouna n’a jamais renié ses racines populaires. Elle a défié les normes, rapproché la culture de tous et incarné l’art comme une force de liberté et de résistance. Honorée par la Ville de Paris et faite chevalier de l’Ordre des Arts et des Lettres, elle laisse un héritage immense.
Nous proposons aujourd’hui que la Ville lui rende hommage dans l’espace public, afin de célébrer sa vie, son œuvre et la femme exceptionnelle qu’elle fut.

