Le compte administratif c’est l’occasion annuelle de revenir sur les résultats de nos politiques publiques. C’est un exercice important mais qui ne doit se faire de manière déconnectée de son contexte national.
Notons que depuis 2021, ce document financier fait l’objet d’une certification des comptes officielle ce qui nous met de fait à l’abri de toute insincérité budgétaire. Cela n’empêchera évidemment pas notre opposition de réclamer des audits, des mises sous tutelle ou autres dispositifs démentiels.
Et ce alors même que les agences de notations si importantes à vos yeux, mes chers collègues de droite, continuent de bien noter nos politiques publiques et que la dégradation que nous avons subie cette année n’est en réalité qu’un dommage collatéral de la dégradation de la note de l’État. Or l’État, mes chers collègues, c’est en partie vous. Cette dégradation était d’ailleurs en partie due à la réforme des retraites perçue par ces derniers comme susceptible de renforcer « les forces radicales et anti-establishment ». En avril 2023, Emmanuel Macron devenait un risque pour l’économie française, avant de devenir en 2024, un risque pour la sécurité du pays !
Parmi les éléments de contexte, n’oublions pas que 2023 c’est aussi la continuation de crises internationales majeures avec la guerre en Ukraine, la guerre à Gaza et d’une manière générale l’exacerbation des conflits dans le monde. Des conflits qui bouleversent les équilibres géopolitiques internationaux et qui ont des conséquences très fortes sur nos économies.
Mais 2023 c’est aussi la réforme des retraites qui donnait le ton, dès janvier, du nouveau mandat de Macron. Ce sont aussi d’énièmes réformes contre les pauvres et en particulier les allocataires du RSA qui devront désormais s’acquitter d’au moins 15 heures d’activités hebdomadaires. Un cap vers le travail gratuit. Et c’est encore une des lois immigration la plus droitière que la France ait mis en place à ce stade.
Si je rappelle ce contexte national, mes chers collègues, c’est parce que face aux politiques antisociales menées par le gouvernement, politiques qui nous nous ont très directement menées au résultats électoraux du 9 juin, Paris reste une terre qui développe des politiques publiques ouvertes à toutes et tous et aux plus précaires en particulier, sans discriminations ni favoritisme.
Or 2023, c’est un approfondissement des inégalités économiques et sociales. En novembre dernier, l’Insee alertait d’ailleurs sur la forte hausse de la pauvreté et des inégalités : un demi-million de personnes basculait dans la pauvreté, portant le taux de pauvreté de 13,6 % de la population à 14,5 %. De son côté, en avril 2024, l’ONG OXFAM dénonçait les écarts de rémunération abyssaux au sein du CAC 40 et les rémunérations parfois astronomiques des grands patrons et des travailleurs confrontés à l’une des pires baisses de leur pouvoir d’achat. Les PDG du CAC40 ont ainsi gagné en moyenne 130 fois plus que leur salarié.es. 130 fois plus !!! La question de la taxation des superprofits se pose donc plus que jamais !
Alors que Macron s’engage pour ses amis les plus riches, il organise, du haut de sa tour d’ivoire, le désengagement massif de l’État auprès des collectivités territoriales qui sont étranglées. Un désengagement qui est train de se transformer en une force d’inertie désastreuse et mortifère. En 2023, la Ville de Paris n’a pas reçu un centime de DGF. À cela se sont ajoutées des pertes de recettes fortes en particulier dues à la crise immobilière. Cela s’est traduit dans les caisses municipales par une chute brutale des DMTO puisque nous accusons une perte sèche de plus de 400 millions d’euros sur cette seule ligne ! Des pertes que nous avions en partie anticipées mais qui ont néanmoins pesées, et continue de peser. C’est dire à quel point les revenus supplémentaires de l’augmentation de la taxe foncière engagée dès l’automne 2022 étaient essentiels.
Il est donc urgent de changer le modèle fiscal en créant de nouvelles contributions sur le moyen et long terme. Il faut repenser intégralement l’équilibre fiscal local en recréant un véritable lien fiscal entre les entreprises et les territoires, et réfléchir à de véritables liens fiscaux des multinationales et de l’économie numérique avec les territoires. C’est ce que nous l’avions initié en 2022 avec le rapport Bonnet/Simondon.
En attendant des jours meilleurs pour ne pas dire heureux (!), cette augmentation de la TF nous a permis de continuer de porter une réponse publique forte et surtout de relancer efficacement le plan d’accélération d’investissement municipal, très attendu des parisiens.
Mes chers collègues, c’est ça la gauche au pouvoir : un projet budgétaire et financier qui porte haut les valeurs humanistes et de solidarité et s’engage pour construire une réponse concrète et crédible aux urgences sociales, écologiques et démocratiques, pour en finir avec les inégalités.
En 2023, nous avons su mobiliser près de 500 millions pour développer le logement social et un plus encore pour la transition énergétique sans oublier les équipements publics de proximité comme l’anneau sportif, les équipements culturels ….
C’est aussi une politique de recrutement et de déprécarisation même si nous souhaiterions qu’elle soit plus ambitieuse encore. C’est toujours le maintien de la gratuité des transports en commun pour les enfants et de l’accès de la cantine pour les plus précaires. C’est l’accueil et la mise à l’abri des sans abri et des MNA sans différenciation. Des mises à l’abri auxquelles l’État refuse de prendre part, voire les rend impossibles et refuse de compenser financièrement…
Ces politiques publiques volontaristes sont nombreuses et essentielles. Et c’est d’autant plus important que nous l’avons fait sur nos ressources propres. Cela prouve qu’à force de volonté politique, des projets ambitieux peuvent être menés.
Je regrette quand même que coté santé, nous n’ayons toujours pas pris la mesure de l’ampleur de la crise à venir en matière d’accès aux soins. Depuis 2020, vous le savez, nous portons au Groupe communiste, des propositions concrètes en terme de construction de centres municipaux de Santé. Si certains d’entre eux sont planifiés, il n’en reste pas moins que nous sommes loin du compte alors même que des centres de santé essentiels dans nos quartiers populaires sont en train de mettre la clé sous porte. Je pense notamment au centre Richerand dans le 10e ou des centres de la Croix rouge dans le 20e et le 13e. Autant d’offres de soins plébiscitées et très populaires qui disparaissent alors que le nombre de médecins traitant chutent.
Or la santé c’est une des clés d’entrée essentiels dans nos services publics. C’est une des raisons les plus évoquées dans le sentiment de relégation. Cette question des services publics est au cœur du débat politique actuel. Le résultat de ces élections du 9 juin dernier nous prouve bien à quel point les inégalités d’accès aux services publics ont nourri et nourrissent encore le RN.
A Paris, nous savons où se situent nos priorités et ce compte administratif en est l’illustration. Mais nous devons aller encore plus loin.
Je vous remercie.