Nous sommes amenés à adopter un avenant au contrat entre GRDF et la Ville suite aux travaux de la mission transpartisane sur cette DSP qui avait débouché sur de nombreuses préconisations exigeantes adoptées à l’unanimité, c’est assez rare pour être souligné.
Nous souhaitons que celles-ci ne restent pas lettre morte. Dès lors, nous présentons deux amendements qui nous paraissent nécessaires.
Tout d’abord, un amendement qui concerne les conduites d’immeubles et les colonnes montantes.
En juillet, lors de son conseil d’administration, GRDF a décidé de prolonger la durée de vie des colonnes posées après 1979 de 45 à 100 ans. Je tiens à rappeler que ces conduites et colonnes sont intégrées au patrimoine de la Ville de Paris, GRDF n’en a que la gestion.
Pourtant ils n’ont pas jugé utile ou nécessaire de nous en informer. Il est aberrant que nous, élus, qui sommes chargés du contrôle de la bonne exécution du contrat, et de la bonne gestion de notre patrimoine, nous n’ayons pas été associés à cette décision et n’ayons eu aucun droit de regard sur les colonnes montantes et les conduites.
Doubler la durée de vie d’infrastructures n’a pourtant rien d’anodin. Elle challenge bien évidemment la question de la sécurité. Qui plus est lorsqu’on a connu 2 explosions mortelles comme à Paris ces 5 dernières années. Dès lors, quelle analyse des risques en fait GRDF ? Quels sont les risques matériels et humains ? Quel est l’impact concret sur l’entretien de ces colonnes ?
Je rappelle à toute fin utile que les ouvrages collectifs en immeubles représentent 89% des incidents constatés sur notre réseau , les branchements sur colonnes montantes c’est 75% ! C’est donc loin d’être anodin et la méthode de GRDF est donc inacceptable.
On le sait, l’entretien du réseau représente un coût très important. Mais on ne peut pas transiger dessus parce qu’il en va de la sécurité des parisiennes et des parisiens. Cette décision va permettre de repousser certaines opérations coûteuses, d’ores-et-déjà provisionnées ? Cet allongement va permettre donc de libérer des liquidités. Engie va-t-il en profiter pour faire ruisseler aux actionnaires les liquidités libérées ? Le suspens n’est même pas intense. On ne voit pas bien l’intérêt pour la sécurité. Mais on voit très bien l’intérêt pour le capital.
C’est avec le même état d’esprit que nous présentons un second amendement. Les rapports et les missions sont nombreux, mais souvent les préconisations sont ignorées ou finissent sous le tapis. Nous ne voyons pas dans cet avenant des constats forts et préconisations qui avaient été faites dans la mission transpartisane sur le réseau de gaz. Je pense notamment à :
- L’abandon des réparations provisoires et de la pratique du tubage,
- Le retour à des interventions d’urgence en 30 minutes au lieu d’une heure
- La nécessité de doubler certaines équipes d’urgence
Toutes ces idées ont été oubliées dans l’avenant. Nous ne comprenons pas.
De la même façon, nous avions préconisé que GRDF fasse un audit sur le recours à la sous-traitance. Et que soit réalisé un audit pour leur réinternalisation. Il est apparu que l’entreprise était totalement à l’aveugle sur la conduite et la bonne tenue de certains chantiers du fait d’un recours structurel à la sous-traitance. Une sous-traitance qui implique une perte progressive de maitrise, des conditions de travail dégradées, une sécurité qui devient variable d’ajustement, des travaux qui durent.
Avec ces amendements, ce n’est pas la Ville de Paris que nous remettons en cause. Elle n’est pas comptable des logiques privées d’Engie qui poussent GRDF à augmenter ses marges. Elle n’est pas comptable de la politique nationale de sous-traitance, ni du manque de communication de GRDF.
Cependant, nous pensons que la Ville peut engager le bras de fer et poser davantage de conditions dans le cadre de cet avenant. Et pourquoi nous le pensons ? Parce qu’elle a su obtenir des engagements en faveur de la transition énergétique comme en témoigne de nouveau cet avenant. Donc, même si tout ce que l’on cite peut sembler « hors périmètre » vis-à-vis du contrat, on estime que cela peut finalement être intégré à force de volonté politique. Et si j’ose dire là où il y a une volonté il y a un chemin.
Mes chers collègues, Paris doit contraindre GRDF de choisir entre les profits d’Engie et la sécurité des parisiens. Les communistes ne transigeront pas sur cette question.