La marche du 25 novembre dernier contre les violences faites aux femmes a été l’occasion de rappeler le retard de la France en matière d’égalité, et de revendiquer les mesures nécessaires pour combattre et prévenir les violences sexistes et sexuelles, accompagner les victimes, et garantir une égalité de droit.
A contrario, à Paris, le rapport sur la situation en matière d’égalité entre les femmes et les hommes en 2022 montre le travail effectué, nos avancées concrètes et, parce qu’il ne s’agit pas d’être dans l’autosatisfaction definir nos nouveaux objectifs, au nombre de 13.
En mettant en place ce rapport avant qu’il ne soit rendu obligatoire par la loi en 2014, Paris était en avance sur son temps dans la lutte pour répondre à l’objectif d’une Ville féministe, inclusive et égalitaire. Ainsi, nous saluons la continuité des efforts faits au niveau salarial en direction des agentes de la Ville, qui doivent être les premières bénéficiaires de notre politique féministe et qui années après années a donné des résultats. En 2022, ce sont majoritairement des femmes, 61%, qui ont été promues. La Ville a encore diminué l’écart de rémunération entre ses agents et ses agentes, pour passer enfin en dessous des 5%, là où le reste du secteur public en est encore au-dessus des 10%, et le secteur privé à 24%. A ce niveau, nous sommes tout près du but, et nous nous en félicitons.
Les violences faites aux femmes et la prostitution, qui comme le montre malheureusement les chiffres de feminicides sont loin de faiblir, puisqu’au 8 décembre 2023 on dénombrait déjà 100 femmes assassinées, en France, par leur conjoint ou ex-conjoint. La Ville s’est doté de nombreux dispositifs en lien avec le contrat parisien de prévention et de sécurité, le schéma départemental d’aide aux victimes et l’observatoire parisien des violences faites aux femmes. Alors que cette compétence relevée de l’état, la ville a crée des places d’accueil de jour ou des hébergements pour les femmes victimes. Il est a noté que la ville a intègre dans sa cotation des points supplémentaires pour les femmes victimes de violences familiales.
En avance sur son temps, Paris l’est également dans son approche transversale. Les discriminations de genre sont partout, c’est donc partout qu’il est nécessaire de les combattre. En associant les différentes directions de la Ville au travail colossal qui est nécessaire, nous favorisons l’émergence d’une culture de l’égalité, tant au sein de nos services qu’au sein de la population parisienne.
Ce sont donc de nombreux dispositifs d’information et de prévention qui sont déployés par la Ville. Nous sommes particulièrement attentifs au travail de sensibilisation mené dans la culture et le sport (à travers le dispositif Paris Sportives), ou encore à destination du public jeune, à travers les dispositifs de “collèges pour l’égalité” et au sein de la maison des initiatives étudiantes. Ces dispositifs, qui visent à accroître la participation des femmes aux activités de la Ville, et à renforcer leur visibilité, sont essentiels et doivent être encouragés, approfondis. Conférences, affichage, brochure sont enfin autant de matériels créés par la Ville pour promouvoir partout la culture de l’égalité.
L’enjeu est clair : favoriser l’émergence d’acteurs et d’actrices pour ce combat pour l’égalité, dans tous les domaines. A ce titre, l’accompagnement des 164 associations financées au nom de l’égalité femmes-hommes est un outil précieux, qui permet à notre Ville de se doter de partenaires fiables pour prolonger son champ d’action.
En avance sur son temps, Paris l’est, enfin, à travers la perspective de la budgétisation sensible au genre. Cette innovation ne revêt aucun caractère obligatoire, mais elle nous permet d’affiner notre analyse. Elle est utile pour prendre conscience plus facilement de certaines sources d’inégalité et adapter en conséquence les dépenses de la Ville.
La tricatégorisation des dépenses de fonctionnement est un outil essentiel pour saisir l’incidence de certaines mesures budgétaires pour l’égalité femmes-hommes. Grace à ce budget, nous avons identifié que plus d’un quart de notre budget de fonctionnement est activable et donc susceptible d’avoir un impact concret sur l’égalité femmes-hommes. Cela nous permet de nouvelles pistes inspirantes pour proposer, innover, en somme pour lutter pour toujours plus d’égalité.
Le rapport sur la situation en matière d’égalité femmes-hommes en 2022 illustre la démarche, ambitieuse et volontaire, de la Ville de Paris. Mais Paris n’est pas la France, lors de la marche du 25 novembre dernier, comme lors des précédentes, une revendication claire a été émise. Pour que la France lutte efficacement contre les violences faites aux femmes, ce sont deux milliards, 6 d’euros qui seraient nécessaires. Dans ce combat qui nous concerne toutes et tous, un acteur manque cruellement : l’Etat. L’Etat, qui consacre dix fois moins de moyens à cette lutte que ce qu’il faudrait. Quel crédit accorder à Emmanuel Macron quand à nouveau, il fait de l’égalité entre femmes et hommes la grande cause de son quinquennat mais sans les moyens nécessaires ? L’Etat, encore, dont les politiques libérales nous exposent particulièrement, en tant que femmes, à la précarité, à l’exclusion, et nous éloignent de l’égalité souhaitée.