Communistes Paris

Dénomination Jardin Mélinée Manouchian attribuée au jardin situé 124 rue de Lagny (20e)

Mélinée Manouchian représente à elle seule plusieurs symboles forts pour la France en étant à la fois femme, émigrée, communiste et apatride. Ce statut d’apatride et d’orpheline, après le génocide arménien, fondera une grande partie de son engagement dans la vie politique publique et clandestine française. Cela commencera dès 1934, avec son engagement dans les organisations de secours pour l’Arménie. Cette structure est partie prenante pour la reconnaissance des immigrés par la France. Le 30 juin 1946, ils seront 100.000 naturalisés français au titre de résistants ou résidents en France depuis 1939. C’est dans ce cadre qu’elle rencontrera, cette même année, à 19 ans, Missak Manouchian, à l’occasion d’une fête annuelle de la Section française du comité de secours pour l’Arménie, celui qui deviendra son mari deux ans plus tard, avec qui elle partage une vision de la civilisation française et de l’internationalisme. L’année 1934, c’est aussi la menace des fascismes qui montent en Europe. L’épisode des crises du 6 février va renforcer ses convictions et la convaincre d’adhérer au Parti communiste français. Quant à la situation espagnole, son soutien sans faille pour le front républicain entérine son engagement internationaliste, un engagement qu’elle et son époux ne lâcheront plus jamais.

Mélinée Manouchian rappelait souvent qu’ils étaient, avec Missak, deux orphelins du génocide arménien, qu’ils n’étaient pas poursuivis par les nazis et auraient pu rester cachés, mais ils ne pouvaient pas rester insensibles à tous ces meurtres, à toutes ces déportations de Juifs par les Allemands, car elle voyait la main de ces mêmes Allemands, qui encadraient l’armée turque lors du génocide arménien. C’est donc cet engagement qui guidera la vie de ce couple d’Arméniens. Leur entrée dans la Résistance française au sein de la Section de la main-d’œuvre immigrée des Francs-tireurs et partisans, qui regroupe les résistants étrangers, valide d’ailleurs ce sermon.

La vie et la lutte clandestine ne s’arrêteront plus. Pendant la guerre, Mélinée aura tour à tour été agent de liaison portant les messages – sachant que les femmes paraissaient moins suspectes lors des déplacements – dactylographe, mais également très impliquée dans un réseau appelé "Travail allemand", dont l’objectif était d’identifier les candidats à la désertion dans l’armée allemande et d’organiser ces désertions. C’est dans cette période de clandestinité qu’ils seront tous les deux accueillis et cachés par la famille de Charles Aznavour, comme je le rappelais en décembre dernier, à l’occasion de la dénomination du jardin en son honneur. Missak, figure de la célèbre "Affiche rouge", sera exécuté par les Allemands avec 24 autres résistants, dont 21 membres de la Section de la main-d’œuvre immigrée des Francs-tireurs et partisans, le 21 février 1944, au mont Valérien.

Mélinée poursuit son action dans la Résistance communiste jusqu’à la Libération. Jusqu’à la fin de sa vie, elle restera attachée à ces engagements et fera vivre la mémoire de la Résistance, surtout avec les plus jeunes. Vous le savez, choisir de dénommer le jardin situé au 124 rue de Lagny, Mélinée Manouchian est un symbole important pour notre groupe, parce que femme, parce qu’immigrée, parce que résistante communiste. Cela participe, en effet, à la féminisation de l’espace public. Mettre la lumière sur Mélinée Manouchian, comme pour Cécile Rol-Tanguy, dont nous venons de parler, c’est mettre la lumière sur toutes ces femmes qui ont fait l’Histoire en second plan, souvent de manière discrète – car, oui, c’est devenu implosif, aujourd’hui –, mais bien souvent, derrière tout grand homme, il y a une femme tout aussi grande.

Mélinée, résistante communiste, c’est aussi un message de paix, dont nous avons grandement besoin alors que se développent de nombreux conflits armés. Je pense à la guerre en Ukraine et aux peuples palestinien et israélien. Mélinée Manouchian, c’est l’illustration de la diversité de notre société et de l’apport des immigrés à la culture française, que notre groupe célébrera dans le cadre de notre projet de délibération que nous présenterons demain pour dénoncer la loi "Immigration". C’est aussi au nom de cette diversité que les communistes, Pierre OUZOULIAS, dont vient de parler mon collègue, ont longtemps plaidé pour la panthéonisation du couple Manouchian.

Nous serons présents le 21 février prochain à l’occasion de leur entrée au Panthéon, et, comme chaque année, aux commémorations qui ont lieu dans le 20e arrondissement.

Le parcours de Mélinée, à la fois orpheline et apatride, rappelle bien des parcours de contemporains qui arrivent, aujourd’hui, en France. Il nous rappelle que la richesse de la France s’est construite grâce à eux, et non contre eux, et qu’elle ne peut passer par la mise en œuvre de la préférence nationale.

Pour toutes ces raisons, je vous invite à voter pour ce projet de délibération.

Raphaëlle
PRIMET

Élue du 20e arrondissement au conseil de Paris

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