Créé en 2017 par le Collège de France et l’État, le Programme national d’Accueil en Urgence des Scientifiques et des artistes en Exil incarnait une promesse claire : celle d’une France refuge pour les talents persécutés, une France fidèle à l’universalisme des savoirs et à la liberté de l’art.
Aujourd’hui, cette promesse est trahie.
Alors que Gaza est ravagée et que les universités, les écoles et les lieux de culture sont détruits, les demandes d’exfiltration de scientifiques et d’artistes palestiniens menacés de mort se multiplient. Pourtant, les moyens du programme PAUSE ont été sabrés : de 9 millions d’euros en 2022 au début de la guerre en Ukraine à 3,5 millions en 2025. Ce n’est pas une contrainte budgétaire, c’est un choix politique. Et ses conséquences sont dramatiques. Vingt-six lauréats palestiniens, pourtant validés par tous les ministères concernés et devant être évacués, sont bloqués à Gaza. Certains ont déjà payé de leur vie l’inaction de l’État français comme l’architecte Ahmed Shamia, d’autres survivent encore, dans l’attente que la France tienne sa promesse.
C’est le cas de la poétesse reconnue Alaa Al Qatrawi. Lauréate du programme PAUSE, elle a perdu ses quatre enfants dans les bombardements israéliens. Tout est prêt pour son accueil en France : logement, accompagnement professionnel, elle bénéficie aussi d’un soutien citoyen et universitaire colossal.
On est en droit de se demander où s’est terrée la volonté politique de la France depuis la reconnaissance en grandes pompes en septembre dernier de la Palestine par Macron.
Pourtant, accueillir ces scientifiques et artistes n’est pas une faveur : c’est une obligation politique et humaine qu’a pris notre pays. La Ville de Paris doit exiger de l’État qu’il tienne ses engagements et ouvre sans délai ses portes à celles et ceux dont la survie dépend de notre action.
