la Ville a su être aux côtés des acteurs culturels pendant la crise du Covid. Cette crise, on le sait, a accentué les inégalités et a éloigné plus encore les publics les plus populaires des lieux culturels. Elle a changé les pratiques du public et, pour une partie de nos établissements, la page n’est pas encore tout à fait refermée. Dans ce contexte, notre Ville a le devoir de faire plus et mieux encore au sein des lieux dont elle dispose, qu’elle gère, qu’elle finance, au travers d’une politique ambitieuse et volontariste. La cure d’austérité pour les subventions aux associations, que la droite appelle de ses vœux, ne sera pas au rendez-vous. Et c’est tant mieux. Car ce serait synonyme de dévitalisation de nos quartiers, de la fin de l’engagement des artistes et de ces acteurs si essentiels au maillage de la ville, que nous voulons riche de sens, humaine, bouillonnante. Nous n’en sommes pas encore là, mais nous pourrions en prendre la voie.
Année après année, le budget de fonctionnement global baisse. Trop nombreuses sont les associations culturelles qui nous font remonter une baisse du soutien financier de notre institution. Baisse de stabilité qui, dans le contexte d’inflation actuelle, signifie un manque à gagner important. Je le regrette car, aujourd’hui, l’appel d’air rendu possible par l’augmentation de la taxe foncière doit s’adresser en premier à ces dernières, tant par les actions qu’elles mènent, les lieux où elles sont implantées, que la typologie des publics auxquels elle s’adresse.
Si, à Paris, ville de centralité, nous bénéficions d’équipements culturels nationaux et de leurs propositions culturelles, il faut aller plus loin, agir au cœur des quartiers, là où l’offre nationale n’est pas ou peu présente. C’est ce que nous nous sommes dit durant les longs et riches mois qu’a duré la Mission d’Information et d’Evaluation sur l’éducation artistique et culturelle. Je le répète ici, l’une des conclusions principales était d’améliorer le soutien à ces projets afin d’en simplifier le déploiement, de mieux les accompagner, et de mieux collaborer et animer un réseau d’acteurs pour une fluidité et une coordination renforcées.
Comment respecter ces engagements en baissant les subventions de celles et ceux qui contribuent au quotidien à la diffusion de la culture dans les quartiers et les écoles ? C’est le sens de l’amendement de 100.000 euros que nous portons pour la "Maison du geste et de l’image". En effet, son budget est inchangé depuis 20 ans, et même en baisse depuis 2 ans, alors que ses activités augmentent, tant en termes d’ateliers proposés que de personnes touchées. La "Maison du geste et de l’image" fait un travail formidable en direction des jeunes scolaires au contact direct de la création et des créateurs, par la pratique du théâtre, de la vidéo, de la photographie et du multimédia, en lien avec les enjeux de société.
De la même façon, nous savons tous le rôle des bibliothèques et des médiathèques, qui sont, grâce à la lecture, souvent les premières portes d’entrée vers la culture. Comment, dès lors, envisager d’ouvrir de nouvelles structures à un budget constant ? C’est ce que nous voyons avec l’ouverture de la médiathèque James-Baldwin. Plutôt que de créer de nouveaux postes, on en prend à la bibliothèque Fessart, certes proche, mais bien fréquentée, à laquelle de nombreux usagers sont attachés. Ils se sont d’ailleurs mobilisés ce samedi. J’espère que notre assemblée aura la sagesse de les écouter, en réattribuant les 3 postes dont elle a besoin pour son espace jeunesse.
Parce que nous croyons que la lecture a cette force, nous avons choisi de porter par amendement le projet de festival de bande dessinée "Formula Bula", qui est maintenant reconnu comme un événement majeur au niveau national, afin de lui permettre de pérenniser son activité, de le développer et de changer d’échelle. Si la lecture est la première porte d’entrée vers la culture, la B.D. sert bien souvent de marchepied. Il faut valoriser ce travail.
Ce volontarisme municipal en matière de politique culturelle doit également passer par un investissement massif dans les quartiers populaires. C’était le sens de notre amendement en matière d’équipement dans les quartiers populaires. Dans le 18e arrondissement, en intégrant un équipement culturel de taille au cœur de l’opération d’aménagement de la gare des Mines. Dans le 20e arrondissement, en lançant définitivement les travaux du C.R.R. et du centre culturel Henri-Malberg, rue des Rigoles, et en finalisant ceux de La Flèche d’Or, lieu qui allie la culture, le social et la solidarité.
Ce sont autant de questions que nous devons continuer de porter haut et fort, car elles participent au rayonnement de la culture mais surtout à ouvrir l’art et la culture aux plus jeunes citoyens. Elles permettent le développement de l’esprit critique, l’autonomie intellectuelle et l’émancipation des plus jeunes. C’est là, pour le Groupe Communiste et Citoyen, que se situe l’enjeu principal en matière de politique culturelle.