Communistes Paris

Crack à Paris : l’Etat doit prendre ses responsabilités

Santé

« Il faut continuer à se battre pour des solutions durables, efficaces et humaines, la drogue n’est pas une fatalité. » Ces mots sont ceux que Martine Durlach a adressé avec Michel Turoman et Alain Lhostis aux habitantes, habitants et commerçantes, commerçants qui manifestaient en octobre 1994, place de la Bataille de Stalingrad.

Vingt-sept ans plus tard, la colère ne s’est pas tarie, les riverains sont épuisés, la situation des usagers de drogue ne s’est pas améliorée, la parole des élu-es communistes n’a pas changé. Vingt-sept ans que nous attendons une politique d’ampleur sur le problème du crack qui ronge le nord-est Parisien.

Los Angeles, San Diego, Miami, New York, dans les années quatre-vingt puis les capitales européennes au début des années quatre-vingt-dix, le crack ravage toujours en premier les jeunes, et les plus précaires. Dès 1989, le Maire de Philadelphie appelait ses homologues européens à ne pas sous-estimer cette nouvelle drogue, avons-nous pris cette alerte suffisamment au sérieux ? Et oui, je dis bien des ravages, car le crack emporte tout avec lui, fait tomber les dernières barrières d’humanité, rendant les conditions de vie des riverains et des usagers, inacceptables.

La situation dans le nord-est parisien, en particulier dans le 19ème arrondissement entre Stalingrad et le jardin d’Eole, autour de la rue Riquet entre les 18ème et 19ème arrondissement, dans le 10ème arrondissement est intenable.

Les habitants sont confrontés chaque jours à des scènes que personne ne peut supporter. Et nous saluons les actions citoyennes qui ont permis de faire bouger le débat public.

Vingt-sept ans que le problème est déplacé sans jamais être résolu ! Nous le disons, l’ouverture du Jardin d’Eole était une mauvaise décision, son évacuation a permis aux habitants de se réapproprier leur parc, mais n’a fait encore une fois que déplacé le problème de quelques centaines de mètres, de l’autre côté de la grille… Votre proposition, Monsieur le Préfet, de « nasser » les crackers à la porte de la Villette est irresponsable. C’est un mépris pour les habitantes et habitants du 19ème, d’Aubervilliers et de Pantin, et une méconnaissance des problématiques des usagers et usagères de drogues. Comme le rappelle Docteur Elisabeth Avril, de l’association Gaia : rassembler dans un même lieu personnes en situation de dépendance et dealer, c’est les laisser sous l’emprise totale de leurs bourreaux et accentuer leur dépendance.

La liste des actions menées par la ville de Paris est longue, dès 2006, il fut question de l’adoption d’un plan crack mais rien n’a réussi à endiguer en profondeur le problème. Nous devons arrêter de réfléchir en vase clos et de nous arc bouter sur des postures politiciennes.

Ce débat porte sur les solutions, des idées nous en avons, mais n’aurait-il pas été plus efficace d’avoir ce débat sur la base de propositions, d’écouter les professionnels qui travaillent depuis des années au contact des usagers de drogues et du crack en particulier ?

Dans la continuité du travail mené par Alain Lhostis qui a amené à l’ouverture d’une SCMR, salle de consommation à moindre risque dans le 10ème arrondissement, dont ma collègue Béatrice Patrie parlera plus longuement tout à l’heure, nous continuons de porter l’exigence de réponse sanitaires et sociales.

Nous le disons tout de suite, Oui la lutte contre le trafic est une des réponses essentielles, mais une réponse uniquement sécuritaire est vouée à l’échec ! Les cars de CRS et de policiers stationnés quotidiennement à Stalingrad et Eole ont-ils changé quelque chose ? NON !

Il n’y pas de solutions de magiques, mais il y a des solutions qui ont fait leurs preuves chez nos voisins européens. Notamment la multiplication lieux de repos, ouverts 24h/24h, 7j/7 répartis sur tout le territoire.

Quand je lis ou j’entends que la Maire de Paris, pourrait au titre de sa présidence du conseil de surveillance de l’APHP, pourrait demander l’hospitalisation sous contrainte des toxicomanes… Je n’ose croire qu’une ancienne ministre de la justice puisse souscrire à l’idée qu’une Maire pourrait arbitrairement prendre des mesures de privation de liberté. Des soins oui, de l’enfermement contraint non.

Enfin je rappelle à toutes celles et ceux qui hurlent aux scandales faces aux politiques de réductions des risques, que c’est dans les années 1990, sous la mandature de Jacques Chirac, avec Monsieur Philippe Goujon adjoint que les premières distributions de seringues ont eu lieu avec Médecin du Monde.

En résumé pour les élus communistes, les réponses sont aussi complexes qu’elles sont simples : Il faut plus de lieux : plus d’hébergements, plus de lieux de repos répartis à l’échelle de Paris, de la métropole, de la Région. Plus de moyens dans la santé publique et la psychiatrie en particulier, plus de moyen dans la lutte contre les trafics.

Dans vingt-sept ans, pourrons nous dire que nous avons réussi à traiter en profondeur ce problème ? Allons-nous, enfin, travaillons de concert ? Arrêtons de nous attendre mutuellement et mettons, collectivement, Ville, Etat, associations, un coup d’accélérateur à nos politiques publiques. Et nous, élus communistes continuerons de nous engager pour des réponses humaines et Humanistes.

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