Ils sont jeunes, ils sont racisés, issus des classes populaires, et ne sont pas les bienvenus dans l’espace public. Plus que cela, ils seraient même considérés comme, je cite, "indésirables" par la police, qui utilise la multiverbalisation pour les dissuader de se regrouper dans l’espace public.
Il y a par exemple Imad, 23 ans, du 12e arrondissement, endetté à hauteur d’une dizaine de milliers d’euros, qui a mis ses études en péril pour pouvoir payer sa dette et payer toutes les amendes qu’il a reçues. Il y a aussi Jonathan, 25 ans, également du 12e arrondissement, qui a par exemple été arrêté, parce qu’il faisait du vélo et que les policiers estimaient qu’il avait volé ce vélo, puisqu’il était dessus. Sa mère a dû aller chercher des extraits de relevés de banque pour le faire sortir du commissariat et prouver que non, ce n’est pas parce qu’on est jeune, racisé, et que l’on se déplace à vélo, que c’est forcément un vélo volé.
Leurs points communs sont qu’ils sont jeunes, ils sont français, ils sont racisés, ils habitent dans les quartiers populaires à Paris, et parce qu’ils sont issus des classes populaires, avec des conditions d’habitat parfois étroites, ils habitent soit en foyer, dans des logements en suroccupation, ils passent du temps dans l’espace public avec leurs amis, parce qu’ils n’ont pas forcément accès à des activités sportives payantes, parce qu’ils ne peuvent pas aller se regrouper dans les cafés. Ils n’ont pas les moyens de payer des consommations dans les bars.
Ces pratiques ne sont pas isolées. Elles ont été mises en lumière par une étude menée par des chercheuses pour la Défenseure des droits : "Amendes, évictions, contrôles : la gestion des indésirables par la police en Région parisienne". Nous sommes alertés par ce rapport sérieux et qui doit être pris au sérieux et en aucun cas dénigré. Nous, avec les communistes, nous dénonçons depuis de nombreuses années, et c’est partagé, la multiplication des contrôles au faciès. Une proposition de loi avait été déposée en 2016 au Sénat pour demander des récépissés lors de ces contrôles et permettre d’endiguer et de rétablir de meilleures relations. L’État a été condamné, mon collègue Laurent SOREL l’a dit tout à l’heure, au niveau de la Cour européenne des droits de l’Homme.
Nous voulons que la Ville de Paris puisse se saisir du rapport qui est très important, d’une part, avec une présentation et un travail, un débat, autour de ce rapport, y compris avec les jeunes, et d’autre part, un travail pour renouer les liens entre la jeunesse et la population, qui soit sur des considérations solides et sérieuses de considérations mutuelles. Considération et respect doivent encore une fois aller dans les deux sens.
Je vous remercie.