Communistes Paris

Budget supplémentaire pour 2023

Intervention de Nicolas BONNET OULALDJ

Nous ne pouvons pas avoir ce débat budgétaire sans être connectés aux émeutes et à ce que l’on a connu ces derniers jours, car il faut une réponse politique et des choix politiques face à ce contexte. Or, les choix politiques du Président MACRON ont été désastreux pour les classes populaires, plus encore pour les quartiers populaires, qui sont malheureusement, depuis de longues années, les grands oubliés des politiques publiques. L’abandon, en 2018, du "Plan Borloo pour les banlieues", l’appel à peine entendu de Grigny lancé en 2017 par Philippe RIO et par une centaine de maires de tous bords, l’inaction dans la politique du logement, notamment en matière de logement social, le contexte post-Covid et l’inflation historique depuis un an, sont autant d’accélérateurs d’inégalités, de pauvreté, sans perspectives pour les jeunes, à qui l’Etat est incapable de proposer un avenir constructif et heureux, et encore moins pour leurs parents. Il aurait fallu investir massivement dans l’école, la culture, le sport, dans tout ce qui permet de se construire psychologiquement, de s’émanciper par le haut, pour éviter d’être tenté par l’autre côté, celui de la délinquance et de la violence. L’Etat a fait le contraire, il se désengage.

On constate que la France de 2023 est beaucoup plus fracturée que celle de 2005, territorialement mais aussi socialement. Avec notre majorité, en particulier depuis l’accélération du plan d’investissement de mandature rendu possible par l’augmentation de la taxe foncière, nous allons renforcer le service public. C’est notre boussole, notre fil conducteur. La question des recettes se pose d’ailleurs chaque année avec plus d’acuité pour les collectivités territoriales. La suppression à venir de la C.V.A.E. réduit encore notre marge de manœuvre, et ce, d’autant plus que le mécanisme de compensation ne permettra pas de respecter le dynamisme de cette cotisation. Cela ne viendra pas non plus de Bercy, fermé à tout dialogue avec les collectivités, comme l’ont prouvé les dernières Assises des finances publiques le mois dernier, qui ont été boycottées par l’ensemble des associations des collectivités. Malgré ce contexte social, économique et budgétaire à la fois contraint et incertain, nous parvenons à garder le cap d’un investissement public fort et à développer une réponse sociale, en augmentant singulièrement à mi-mandat les lignes de certains budgets. Je pense à la culture, avec plus de 11 millions d’euros, à l’enseignement, à l’action sociale, à la santé, les secteurs qui bénéficient le plus de ce budget supplémentaire. Sans parler de l’augmentation des dépenses de la masse salariale pour 19 millions d’euros, afin de tenir compte de la revalorisation du point d’indice de 1,5 au 1er juillet 2023, qui n’est pas compensé par l’Etat, comme vous l’a rappelé Mme la Maire.

Madame la Maire, mes chers collègues, dans le contexte actuel, ce n’est pas rien, et nous pouvons encore aller plus loin. Avec les élus communistes, je suis attaché à certains budgets, dans le contexte que nous venons de vivre. D’abord, comment ne pas évoquer la jeunesse ? La jeunesse est sacrifiée. Nous devons renforcer nos politiques publiques en matière de jeunesse. Nous vous proposons un amendement très simple, celui d’augmenter le dispositif "Paris Jeunes Vacances", qui permettrait, s’il était adopté, à 400 jeunes supplémentaires de partir en vacances dès cet été et aux prochaines vacances. C’est un signal fort. Nous souhaitons que cet amendement soit adopté. Nous vous proposons de renforcer l’observatoire contre la ségrégation sociale que nous connaissons dans nos écoles, l’observatoire pour la mixité sociale et la réussite éducative.

Nous proposons, en lien avec ce que nous verrons tout à l’heure - le Code de la rue - d’augmenter le dispositif d’apprentissage du savoir rouler pour les écoliers. Je pense notamment à certaines associations qui interviennent dans les écoles, comme le "Paris Cycliste Olympique" qui demande plus de vélos et l’aménagement d’un dispositif dédié sur la pelouse de Reuilly. Autre sujet - et j’en terminerai, puisque ma collègue l’a évoqué - nous avons besoin de plus de jardiniers pour entretenir nos espaces verts. Je pense au bois de Vincennes. Puisque nos collègues de l’opposition proposent une Mission d’Information et d’Évaluation sur les bois, commençons par renforcer les dispositifs. Il y a des besoins accrus, notamment concernant les équipements sportifs. Voilà, mes chers collègues. Mes collègues Barbara GOMES et Raphaëlle PRIMET entreront dans les détails de l’ensemble de ces amendements.

Intervention de Raphaëlle PRIMET

Le budget culture aura donc une augmentation de 11 millions d’euros. Ces crédits que nous avions appelés de nos vœux étaient plus que nécessaires. Mais force est de constater que 10 millions d’euros seront consacrés principalement à la "Philharmonie de Paris", à la transition écologique dans les milieux culturels et à la subvention du Théâtre de la Ville. Il reste un peu moins d’un petit million pour les structures de proximité et à peine 500.000 euros pour l’éducation artistique et culturelle. Ce sont pourtant des structures essentielles qui favorisent les pratiques artistiques, l’émergence d’artistes, qui s’adressent aux jeunes au cœur des territoires et fabriquent ce lien social qui nous fait tant défaut aujourd’hui. On aurait pu "a contrario" revaloriser la dotation culturelle de proximité. Créée en 2001, elle était de 1 euro par an et par habitant.

Elle n’a jamais été révisée en 22 ans. Avec l’inflation, c’est comme si aujourd’hui la Ville donnait 50 centimes d’euro par habitant. On se doute bien que ce budget décentralisé ne peut plus répondre aux besoins des arrondissements. Nous avons déposé deux amendements : l’un de 20.000 euros pour soutenir les activités culturelles de "La Flèche d’Or", qui développe un projet culturel très dense, en lien avec des thématiques spécifiques et à des prix très accessibles. La deuxième demande à la Ville est de rétablir la subvention de la Halle Saint-Pierre. Nous en reparlerons en 2e Commission, mais nous ne comprenons pas cette baisse injustifiée. En ce qui concerne les ressources humaines, nous nous félicitons que l’amendement de plus de 700.000 euros relatif à la formation des personnels de la petite enfance, que nous avions défendu au budget primitif, puisse trouver une concrétisation avec le financement d’une bonne centaine de formations, qui, nous l’espérons, permettront de renforcer les équipes de la Ville sur la durée.

Concernant la déprécarisation, nous constatons les premières avancées avec les 168 postes pour permettre à des contractuels et à des vacataires, notamment à la DAC et à la DASCO, de bénéficier d’un véritable statut de fonctionnaire. Pour finir, nous portons également un amendement de 500.000 euros afin de renforcer l’accès à des denrées de qualité issues d’une alimentation durable et locale pour les Parisiens en situation de précarité alimentaire, sur le modèle de ce que proposent "L’Armée du Salut" et "Kelbongoo", permettant la distribution de 3 à 4 tonnes de denrées chaque semaine. Car, aujourd’hui, 1 Français sur 6 ne mange pas à sa faim. Ce sont 4 % de Français de plus qu’il y a 6 mois. L’inflation alimentaire dépasse toujours les 15 %. Je vous remercie.

Intervention de Barbara GOMES

Les évènements de ces derniers jours sont brutaux sur tant de dimensions. Dans nos villes, nos quartiers, nos banlieues, les gens se sentent abandonnés par l’Etat, méprisés. Les gens en ont marre de subir au lieu de vivre. Ils en ont marre de travailler pour des cacahuètes à faire les pires corvées... tout ça pour être assimilés par le patron du MEDEF ce matin même à des trafiquants de drogue. Faire République, c’est permettre à tout le monde de pourvoir vivre dignement, de pouvoir s’émanciper, d’avoir un emploi payé correctement ; d’avoir du temps pour sa famille, ses amis, pour autre chose que le travail ; d’avoir un logement décent qui ne soit pas à 3h de son boulot, c’est être respecté, ne pas être stigmatisé, être en mesure de partir en vacances de temps en temps, faire du sport sans se ruiner, se sentir en sécurité et soutenus...

Alors au niveau local, à Paris, nous faisons tout notre possible pour le permettre, à notre échelle.

Nous saluons à ce titre les 75000€ supplémentaires pour Paris Jeunes Vacances que les jeunes parisiens sollicitent tant ! C’est une excellente nouvelle. En 2021 et en 2022 les 875 chéquiers n’avaient pas suffi à répondre aux demandes… Ce budget supplémentaire va donc permettre aux jeunes de faire des découvertes culturelles et sportives, de s’évader du quotidien, bref d’encourager leur autonomie, leur créativité et donc, leur émancipation. Comme l’a rappelé NB et RP, nous gagnerons à renforcer d’autres dispositifs. Il y a par exemple l’OPMIRE, qui œuvre pour la mixité sociale et contre la ségrégation scolaire ou encore, les dispositifs d’insertion.

INSERTION Les parisiennes éloignés de l’emploi se retrouvent dans des situations de grande précarité. Nous défendons l’importance d’un accompagnement individualisé qui puisse prendre en compte les spécificités de chaque public. Les enjeux sont multiples : retrouver une activité permet aussi de recréer du lien social, de retrouver confiance en soi, c’est permettre l’émancipation par l’accès au droit du travail et de la protection sociale, à un salaire,... Alors lorsque le budget alloué à l’insertion pour 2023 baisse de près de 4 millions, nous ne le comprenons pas au regard des enjeux de l’insertion par l’emploi. Nous avions alors fait voter un amendement budgétaire pour augmenter l’enveloppe de 200 000€ en direction des structures partenaires de la Ville (EPEC, E2C et Mission Locale). Seulement, à notre surprise, aucune n’a pu bénéficier de ces crédits. Nous redéposons donc cet amendement qui répond à de réels besoins.

Nous souhaiterions par ailleurs soutenir d’avantage l’observatoire femmes victimes de violences, nos échanges de ce matin témoignent de l’importance de ce type de dispositifs...

Cet Observatoire créé en 2014 par la Ville a notamment vocation à coordonner les actions de protection et accompagner des victimes, sensibiliser la population, créer des plans de formations pour les professionnels... Tout cela, c’est beaucoup de travail. Nous demandons alors la création d’un poste nécessaire au bon fonctionnement de l’observatoire.

Barbara
GOMES

Élue du 18e arrondissement au conseil de Paris

Nicolas
BONNET
OULALDJ

Élu du 12e arrondissement au conseil de Paris

Raphaëlle
PRIMET

Élue du 20e arrondissement au conseil de Paris

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