Raphaëlle PRIMET
Madame la Maire, mes chers collègues, qui aurait pu parier au soir du 9 juin qu’un mois après la gauche écarterait la vague brune qui paraissait alors inéluctable ? Depuis hier, nos cœurs s’emballent, l’espoir renaît. A nous désormais d’être à la hauteur collectivement pour répondre aux attentes des Français qui ont dit non à la politique d’Emmanuel MACRON et non au projet raciste du Rassemblement national.
Dans ce contexte très particulier mais porteur, nous ne pouvons plus aborder la discussion du budget supplémentaire de la même manière. De différentes propositions de recettes et nos orientations en matière de politique publique trouveront désormais un écho plus fort au sein de la nouvelle majorité qui se dessine. Avec le Nouveau Front populaire en tête, nous pouvons envisager un contexte où nous ne serons plus exposés à des coupes arbitraires de l’Etat et à ses reculs lourds de conséquences sur certaines de ses compétences, telles que l’hébergement, le logement social ou la transition écologique.
Je l’ai déjà dit à l’occasion des discussions sur le compte administratif et sans doute aussi en fin d’année dernière lors des débats budgétaires, je le redis aujourd’hui : là où il aurait fallu investir massivement pour garantir une égalité d’accès aux services publics, l’Etat s’est désengagé et a orchestré la désorganisation territoriale des services publics, voire la désertification, y compris ici à Paris dans les quartiers les plus populaires. Pourtant, l’accès à la santé, à la culture, au sport, redonner des vrais moyens à l’école, c’est ce qui permet de se construire psychiquement et socialement, de s’émanciper par le haut pour éviter tout repli, tout sentiment de relégation sociale et économique.
Avec le contexte financier peu favorable et la chute vertigineuse des D.M.T.O., nos marges de manoeuvre sont réduites dans cette mi-année. Cela pose avec encore plus d’acuité la question des recettes. Nous devons pourtant aller encore plus loin, notamment dans les quartiers populaires. Justement parce que la Ville propose un plan pour les quartiers populaires, qui se veut non seulement plus ambitieux que celui de l’Etat mais aussi plus ambitieux que celui que nous portions auparavant, nous souhaitons la création d’au moins deux postes pour les équipes de développement local. Les ambitions de la Ville qui nécessitent inévitablement une augmentation de la charge de travail ne peuvent se réaliser à moyens constants. Toujours sur le volet emploi, il nous semble important, malgré les quelques avancées proposées par la Ville, que tous les R.E.V. et les animateurs en R.E.P. et R.E.P.+ bénéficient d’une gratification supplémentaire. Par ailleurs, nous souhaitons profiter de la baisse de la démographie scolaire pour améliorer le taux d’encadrement des professeurs de la Ville de Paris, notamment en dédoublant les classes de CP et CE1 dans les R.E.P. et R.E.P.+, et ainsi décharger les P.V.P. ou a minima en ne supprimant pas de postes du tout. C’est le sens de nos amendements.
Côté culture, nous soutenons les Ateliers des Beaux-Arts de Paris qui permettent l’accès à une éducation populaire de qualité. La diversité des activités et leur accessibilité grâce à la prise en compte du quotient familial sont autant de points que nous défendons. Mais cela ne doit pas se faire sur le dos des équipes qui font tourner ces ateliers. Les modèles, par exemple, n’ont pas vu leur cachet évoluer depuis 2009. Augmenter leur cachet ne coûterait pas très cher à la Ville mais changerait drastiquement leur qualité de vie. Les agents administratifs des A.B.A., quant à eux, sont trop peu nombreux pour gérer plusieurs milliers d’élèves sur une quinzaine de sites. Là aussi, nous proposons deux amendements.
Nous souhaitons également que la Ville devienne un soutien actif des lieux intermédiaires des musiques actuelles. Ce que je disais pour les services publics vaut pour la culture. Ces lieux, "La station - Gare des mines", "Le Hasard Ludique" ou encore "Le Petit Bain" sont aussi des remparts contre l’uniformisation de la culture, des lieux inclusifs et participatifs indispensables au mieux vivre ensemble. Ce soutien pourrait se matérialiser par la création d’un plan ambitieux de 2 millions d’euros.
De la même façon, la M.J.C. des Hauts de Belleville, et je rejoins là ma collègue Fatoumata KONÉ, doit pouvoir bénéficier d’un soutien de la Ville pour développer son activité. C’est important pour la jeunesse et pour ce quartier populaire.
En l’état des discussions, je dois dire que le voeu de l’Exécutif ne nous paraît pas suffisant puisque s’il nous donne raison dans nos demandes, il reste sur les intentions sans leur donner aucune réalité. Ce sera, je l’espère, le cas au budget de décembre. Je vous remercie.
Mme Camille NAGET
Chers collègues, dans la continuité de l’intervention de Raphaëlle PRIMET, je vais vous parler de santé et plus particulièrement de centres de santé municipaux. Inutile de rappeler la situation de tension que connaît la médecine à Paris. On ne compte plus les voeux qui ont été présentés et votés ici, Conseil après Conseil, rappelant nos inquiétudes entre démographie médicale vieillissante et pérennité de certains centres de santé. Et à raison parce qu’entre autres abandons du service public, les déserts médicaux occupent une place centrale dans la déchirure sociale participant à l’essor du vote R.N.
Je souhaite rappeler notre volonté collective d’ouvrir de nouveaux centres municipaux de santé pour répondre aux objectifs que nous nous sommes fixés en début de mandat, à hauteur de 7 centres municipaux de santé d’ici 2026. Cette volonté collective, nous l’avons également réaffirmée par des voeux et amendements votés en mars et en décembre 2021, en juillet 2023, encore en février de cette année. Nous aurons l’occasion d’en reparler en 4e Commission tout à l’heure.
En toute logique, nous vous proposons d’aligner le budget sur nos objectifs et j’insiste sur l’importance d’augmenter notamment les dépenses de fonctionnement, pas uniquement d’investissement, permettant des embauches et des ouvertures au plus vite sur des lieux existants, dont certains sont en cours d’identification par la direction. Il y a urgence à développer l’offre médicale de secteur 1 à Paris…
Il y a quelqu’un qui s’évertue par là-bas à faire des commentaires que je n’entends pas, mais si cela peut cesser, parce que si vous avez quelque chose à dire, vous pourrez le dire dans votre intervention plus tard.
C’est vrai que les questions des centres municipaux de santé, les collègues du groupe Changer Paris n’y sont pas très sensibles. On le sait, vous vous êtes d’ailleurs illustrés en conseil du 19e arrondissement sur cette question. C’est tout à fait vrai, Monsieur GRANIER, vous ne siégez pas encore dans le conseil d’arrondissement du 19e, à ce que je sache, vous demanderez à votre collègue de vous expliquer. Elle nous a expliqué très tranquillement qu’il n’y avait aucun problème parce que les gens pouvaient se faire soigner dans le 17e arrondissement et que ce n’est pas compliqué de traverser quelques arrondissements pour trouver un médecin ! Puisque c’est faux, votez notre amendement, défendez les centres de santé municipaux !
Et nous notons quand même qu’à ce budget supplémentaire, il y a une inscription, une hausse de 100.000 euros pour le soutien aux centres de santé associatifs que nous devons aussi soutenir, qui participent au maillage territorial des centres de santé à Paris.
Enfin, puisque mon temps est écoulé, nous posons aussi un amendement sur le logement pour abonder le compte foncier. Vous savez que c’est très important et c’est un sujet qui nous tient extrêmement à coeur. Pour respecter nos objectifs en termes de logement et nos objectifs en termes d’écologie, nous devons absolument préempter pour continuer à faire du logement social. Pour cela, nous avons donc besoin d’amender le compte foncier. Je vous remercie.