Communistes Paris

Budget Préfecture de Paris

La violence, sous quelque forme qu’elle se manifeste, est un échec. L’année passée n’en a pas été dénuée. Les chiffres sont même alarmants : les violences sexuelles enregistrées par les services de police et de gendarmerie ont augmenté de 33%, le nombre de mis en cause pour trafic de stupéfiants de plus 13%, et celui des victimes des coups et blessures volontaires de 12% dont 14% de hausse des violences intrafamiliales. Ces chiffres, et les drames récents auxquels nous avons été confrontés à Paris, appellent à la gravité.

A cette situation qui ne date pas d’aujourd’hui, votre prédécesseur répondait à la violence, par la violence. Violence contre les gilets jaunes, violence contre les usagers de drogue, violence contre les étudiants, violence contre les personnes migrantes, violence encore contre les supporters Anglais. Cette violence n’est qu’une force faible. Et nous espérons que votre nomination, monsieur le Préfet, contribuera à y mettre un terme.

Car les défis sont nombreux. Et la gauche ne doit pas rester muette, comme une partie d’entre elle l’a été depuis trop d’années, ou traiter les policiers de factieux. Nous ne sommes pas de cet avis.

Le premier défi est d’abord celui de renforcer nos effectifs de police nationale à Paris. A ce sujet, nous saluons les annonces effectuées par la première ministre Elisabeth Borne concernant le renforcement des effectifs à hauteur de 8500 hommes en France, et le doublement des effectifs dédiés à la sécurité des transports en Île-de-France. Cependant nous sommes loin des besoins nécessaires que nous estimons à 30 000 femmes et hommes statutaires sur le territoire. Et nous attendons toujours une refonte globale de la police nationale vers une police nationale de proximité. A ce sujet, je souhaite exprimer le soutien de notre groupe aux policiers, magistrats et acteurs de la chaîne pénale mobilisés contre la réforme de Darmanin qui menace l’indépendance de la Police Judiciaire.

Second défi, celui de la pluralité des réponses que nous devons apporter. Prenons deux exemples. D’abord celui du crack : vous avez promis de mettre fin aux problèmes liés aux usagers de drogue à Paris. Le démantèlement de la scène de consommation du square Forceval était une nécessité, pour les riverains comme pour les usagers de drogue. Mais le manque d’anticipation et de concertation conduit à un bilan décevant. Sur les plus de 600 interpellations, seule une petite dizaine a pu accéder à une prise en charge thérapeutique. Il est urgent de trouver une réponse médico-sociale pour traiter le problème de fond. Nous devons marcher sur nos deux jambes : celle de la prévention puis celle de la répression.

Autre exemple : celui des violences faites aux femmes. Notre président de la République en avait fait la grande cause de ses deux quinquennats. Et pourtant, le nombre de plaintes pour crimes et délits à caractère sexuel a bondi de 24% en un an et de 77% en cinq ans. Nous saluons l’action de la Ville de Paris qui met à disposition des intervenants sociaux en commissariat ainsi que des psychologues. Mais l’action de l’Etat est toujours aussi loin d’être au rendez-vous, et les associations attendent toujours le milliard nécessaire pour lutter contre les violences sexistes et sexuelles.

Autre défi, celui de la sécurité concernant les Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. Nous nous souvenons tous du scandale de la finale de la Ligue des Champions au stade de France et dont la principale conséquence avait été une humiliation nationale. Or pour les Jeux Olympiques, 10 millions de supporters sont attendus pendant plusieurs semaines à Paris. Au Conseil de Paris du mois de mai, nous votions un voeu afin qu’une présentation en Conseil de Paris soit effectuée de la stratégie de sécurité pour les Jeux Olympiques et Paralympiques : il est plus que temps que la préfecture de police ainsi que le préfet de région effectuent cette présentation à la fois du dispositif, et du budget qui lui est alloué.

Car en plus des policiers et gendarmes nécessaires, nous devrons compter sur presque 30 000 agents de sécurité privée pour garantir le bon déroulement de ces jeux olympiques et paralympiques. Si nous souhaitons assurer la sécurité des JOP 2024, il existe des solutions : la première doit être celle d’un changement radical de la doctrine du maintien de l’ordre dans la capitale par rapport à la doctrine employée par votre prédécesseur. La seconde est celle des parcours d’insertion en lien avec les métiers des Jeux Olympiques : ils doivent être lancés dans tous les territoires concernés par les JOP, en partenariat avec les associations sportives et les mairies.

Le seul dispositif dont nous avons aujourd’hui connaissance est celui de vidéo-protection qui est présenté à ce conseil de Paris. Les communistes ne s’opposeront pas à ce plan sans pour autant l’approuver. Cela pour la simple et bonne raison qu’une caméra montre mais ne voit pas. Elle n’est pas l’alpha et l’oméga de notre stratégie en termes de sécurité : elle est un outil parmi d’autres. Selon le centre de recherche de la gendarmerie nationale dans une étude publiée en 2021 : ”Les enregistrements de vidéoprotection contribuent à la résolution d’enquête judiciaire, en apportant des indices ou des preuves, mais dans des proportions particulièrement ténues : soit une part de 1,13% sur l’ensemble du corpus d’enquêtes judiciaires observées”.

Nous souhaiterions donc que la Préfecture nous présente un bilan parisien de l’utilité et de l’efficacité des dispositifs de vidéo protection afin que notre conseil puisse juger objectivement de l’opportunité, ou non, d’investir dans cette technologie.

Car comme cette délibération le rappelle : la préfecture est financée en partie par l’argent des parisiens. Cette année encore, nous constatons une hausse de ce budget que l’amendement déposé par la Préfecture confirme. Hausse du budget de la BSPP et hausse du budget des administrations parisiennes et services communs d’intérêt local : la Ville de Paris est au rendez-vous. Au point de parfois financer des activités qui ne relèvent pas de sa responsabilité.

Il est fascinant de constater que la droite dans cette hémicycle arrive dans le même temps à dire que Paris n’augmente pas assez le budget de la Préfecture, ne donne pas assez de primes aux policiers municipaux, ne dépense pas assez pour la sécurité, tout en réclamant des économies et en refusant d’augmenter la taxe foncière. Vous devriez vous inscrire en gymnastique pour les JO 2024, vous êtes experts en grand écart !

La Ville de Paris est au rendez-vous et il est donc essentiel que la Préfecture en soit également, pour le bien des parisiens.

Or, sur différents sujets, on ne peut objectivement pas dire que cela soit le cas.

Le premier est celui du traitement et de la délivrance des titres de séjours et passeports. Cette année encore, les délais ont explosé tous les records. Depuis des années maintenant, nous dénonçons la mise en place de l’ANEF, l’administration numérique des étrangers en France. Aujourd’hui l’ANEF, loin de rendre le service public plus efficient, a pour effet d’éloigner voire de priver l’usager de service public. Aujourd’hui, les offres de traitement de dossier et de rendez-vous sont calibrées en fonction du nombre d’agents, au mépris du principe d’adaptabilité et d’égalité d’accès au service public.

L’année dernière, nous vous alertions sur la mise en place de cette “administration numérique des étrangers en France”. Nous vous prévenions que ce passage au numérique provoquerait incompréhension et inquiétude. Le chemin administratif pour les usagers était déjà difficile, il est devenu quasiment impossible. Il est temps de réformer ce système.

Le second sujet est celui du blocage méthodique effectué sur un certain nombre de projets par la Préfecture. Comment la préfecture peut-elle bloquer des projets d’envergure internationale comme celui de la Tour Eiffel ou celui de la porte de la Chapelle alors même que toutes les études et autorisation de travaux avaient été délivrées ? La préfecture doit sortir d’une posture politicienne qui ne sert ni l’institution, ni les parisiens.

Enfin, pour terminer, nous pouvons prédire que l’année qui vient sera probablement la source de nouveaux mouvements sociaux, notamment contre la réforme des retraites portée par ce gouvernement. Les élus communistes que nous sommes continuent, depuis les bancs de ce conseil comme dans les manifestations auprès des Parisiens et des Parisiennes, d’exiger l’interdiction des LBD, de défendre la liberté de manifester sans entrave. La démocratie est également le droit essentiel à manifester, et nous souhaitons qu’il soit respecté dans son intégralité.

Celle nécessite une police garante des valeurs de la République, qui restaure le lien de confiance avec la population, de proximité, proposition de Fabien Roussel que nous appelons de nos vœux.

Béatrice
PATRIE

Élue du 13e arrondissement au conseil de Paris

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