Intervention de Raphaëlle PRIMET
Madame la Maire, mes chers collègues,
Le contexte politique et budgétaire n’a jamais été flottant que ces derniers jours. Nous avons certes un nouveau premier ministre, mais à peine était-il nommé que la note de Moodys dégradait singulièrement la note de la France qui passait à Aa3. Coup de tonnerre ou simple avertissement : quoi qu’il en soit, si l’heure est grave au niveau national, une fois encore, nous prouvons, ici à Paris, quoi qu’en disent nos détracteurs, que notre gestion, nos projections y compris en matière d’endettement sont plus claires que celle, de plus en plus inquiétante, de l’État qui navigue à vue.
Malgré un contexte budgétaire particulièrement contraint par l’État qui a choisi de s’attaquer aux collectivités, à notre autonomie, à notre capacité de créativité, malgré une crise immobilière marquée par la baisse des DMTO, et malgré une situation sociale alarmante avec un taux de pauvreté et de paupérisation record, et un nombre de plans sociaux inédit.
Paris est en capacité de proposer un budget d’environ 10 milliards porteur d’espoir avec des investissements massif pour agir pour le social et le climat. Nous demeurons un rempart, un véritable bouclier social, en assumant un rôle que l’État refuse de tenir. Oui, nous déployons des politiques publiques protectrices, qui répondent aux besoins urgents des habitantes et habitants.
Au sein du groupe communiste, nous pensons qu’il ne faut pas relâcher nos efforts en cette fin de mandature et continuer en intensifiant nos actions pour renforcer encore davantage la justice sociale et la transition écologique. C’est vrai pour les équipements publics de proximité, ceux des quartiers populaires, nous ne sommes pas au bout. Il faut avancer plus en avant pour rendre l’héritage des JO concret, nous présentons donc un amendement pour financer des équipements sportifs dans le cadre des projets de l’anneau sportif autour de Paris. Nous portons aussi un autre amendement afin de finaliser des projets de proximité comme la transformation de l’ancien garage du 4 rue de la mare pour renforcer les lieux d’accueil de la jeunesse. C’est un projet très attendu localement que nous devons enclencher dès 2025. Autre équipement attendu, l’extension du conservatoire de la rue des Amandiers. Là aussi, il faut agir vite en s’en donnant les moyens financiers.
A Paris , je me réjouis que, dans ce contexte de restrictions budgétaires, la culture ne soit pas traitée dans ce budget comme une variable d’ajustement budgétaire et politique.
Nous continuons inlassablement de porter la nécessité d’un plan de soutien avec un fonds consacré aux lieux intermédiaires dédiés aux musiques actuelles, véritables poumons culturels qui animent nos territoires, notamment dans les quartiers populaires. Ces espaces jouent un rôle essentiel en offrant des alternatives aux grandes scènes musicales. Mais surtout, ils sont profondément ancrés dans la vie locale, menant des actions précieuses avec les habitants, les associations ou encore les migrants. Les projets qui y voient le jour sont nombreux et témoignent de la vitalité de ces lieux. Afin de pérenniser ces espaces souvent fragiles économiquement, c’est urgent pour aider ces tiers-lieux culturels à maintenir un équilibre financier viable.
La culture, c’est aussi la transmission et l’enseignement. Je veux ici souligner l’importance des écoles d’art appliqué de Paris, véritables creusets de savoir-faire unique et reconnu à l’échelle mondiale. Les écoles Boule, Estienne et Duperré sont autant de références dans ce domaine, mais elles nécessitent aujourd’hui des travaux de rénovation majeurs. Il est impératif d’offrir aux élèves, dont le talent et la formation rayonnent bien au-delà de nos frontières, des conditions d’études optimales et sécurisées. C’est pourquoi nous avons insisté pour que la Ville s’engage activement dans la réalisation de ces travaux indispensables.
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Enfin, je veux souligner l’importance d’un autre projet emblématique : le label « Fabriqué à Paris ». Ce label valorise à la fois l’artisanat parisien et les commerces locaux, et nous devons aller plus loin en créant un lieu phare de fabrication intramuros, à Jourdan dans le 14e. Nous avons déposé deux amendements pour concrétiser ce projet mais aussi pouvoir déployer la plateforme « Acheter à Paris », que notre groupe avait initiée en début de mandat.
J’en viens maintenant à la question des droits des femmes, nous venons de célébrer les 10 ans de l’Observatoire parisien des violences faites aux femmes, et le constat est alarmant : tous les indicateurs restent dans le rouge, tandis que les moyens alloués à la police et à la justice demeurent insuffisants. A contrario à Paris, de nombreuses actions sont menées pour lutter contre les violences faites aux femmes, soutenir les personnes en situation de prostitution, garantir l’accès aux droits, promouvoir l’éducation à l’égalité, et prendre en compte les spécificités de la santé des femmes.
Je pense, alors que nous venons d’adopter le PLU, au travail précieux mené par Hélène Bidard sur la thématique "Genre et espace public", notamment à travers les marches exploratoires qui jouent un rôle clé pour intégrer les enjeux féminins dans les politiques d’urbanisme. Je pense également à l’ouverture de la Cité Audacieuse, cet espace parisien dédié à l’égalité femmes-hommes, installé dans les locaux d’une ancienne école rue de Vaugirard.
Il y a tant à faire ! l’ampleur des violences, le nombre de féminicides, l’échos du procès Mazan sur nos vies, Mes chers collègues, le travail qu’il reste à faire en matière d’égalité ne supporte plus l’attente…. C’est maintenant qu’il faut que cela change, et c’est maintenant que le budget de notre ville doit donner les moyens à ces chantiers d’avancer.
Nous demandons donc une augmentation forte de cette ligne, pour idéalement, arriver à nos engagements de campagne à savoir un doublement du budget.
Cela permettra de poursuivre une politique ambitieuse et déterminée, donnant aux associations les moyens nécessaires pour réaliser pleinement les projets essentiels qu’elles portent.
Intervention de Jean-Noël AQUA
Madame la Maire, mes chers collègues, Conseil après conseil, nous déployons la visée d’une écologie populaire. Une écologie qui se conjugue au social. Et qui suppose les moyens de son ambition. Le mois dernier nous avons adopté notre Plan climat.
Nous y avons affirmé de grandes ambitions. La plus importante concerne la rénovation des logements. Paris est exemplaire pour son parc social et atteindra son objectif d’ici 2050. Mais nous voulons aussi la rénovation du parc privé, qui dépend a priori de l’État. Mais en matière écologique, comme en tant d’autres, la droite aux affaires, la droite des affaires, est aux abonnés absents. C’est pourtant le chantier du siècle : il faudra rénover 40.000 logements à partir de 2030 pour respecter l’accord de Paris.
C’est pourquoi nous proposons d’abonder de 200.000€ l’Agence parisienne du climat qui accompagne les copropriétés dans leurs rénovations. Pour le plus grand bénéfice des habitant.es (je pense aux factures et conforts d’hiver et d’été) et de la planète.
Dans ce même esprit, après l’annonce de la rénovation totale des 1085 écoles et crèches parisiennes d’ici 2050, nous avions obtenu l’an dernier 100 millions d’€ pour financer ces travaux. Cette année, nous demandons la création de 20 postes à la direction des chantiers publics pour tenir le rythme de 30 écoles et 10 crèches rénovées par an.
Rappelons que l’enjeu est double puisque ces rénovations permettront aussi de rendre les écoles accessibles aux enfants en situation de handicap.
J’en viens donc à l’éducation.
L’éducation est le creuset des trajectoires individuelles et des destins collectifs. Elle est la condition de l’émancipation. Nous contestons la politique des nombreux gouvernements d’E. Macron de saigner l’éducation nationale. Et notamment de supprimer à la tronçonneuse les postes.
A l’inverse, Paris investit massivement pour permettre une éducation de qualité pour toutes les classes sociales. Cela passe par une cantine accessible pour tous, un bâti scolaire rénové ou encore de nombreux dispositifs extra ou péri-scolaires.
Nous proposons d’abonder le dispositif des classes découvertes, les voyages scolaires. Un dispositif pédagogique qui fait grandir les enfants, mais aussi les liens élèves-profs. Un dispositif apprécié tant des élèves, des professeurs que des parents. Nous proposons de doubler ce dispositif pour que tout élève du public puisse partir une fois dans sa scolarité en classes découvertes. Et nous déposons un amendement d’1 million d’€ pour ce dispositif.
Autre politique importante, le dispositif Action collégiens qui accueille les jeunes en dehors des cours dans des collèges REP. Largement apprécié par la communauté éducative, il permet de structurer de nombreux jeunes. Pour le financer, nous proposons de revenir sur la dotation du collège Stanislas. Car après le rapport de l’inspection de l’éducation nationale, aucun document ne démontre que celui-ci respecte son contrat avec l’État. Tout juste avons-nous eu des déclarations orales en 6e commission de l’établissement affirmant respecter la loi. Rappelons que le rapport de l’inspection était accablant en matière de religion obligatoire, de respect des programmes, d’homophobie et de sexisme. Alors que la puissance publique finance aux 3/4 ces établissements privés, nous ne pouvons accepter qu’ils ne respectent pas leurs contrats. Arrêtons le financement des collèges au-dessus des lois. Et finançons à l’inverse les dispositifs qui promeuvent le vivre ensemble.
Autre sujet éducation, nous voulons revenir sur les suppressions de postes de professeurs de la Ville de Paris. Il y en a déjà eu 16 que nous avions contestées l’an dernier. Vous en prévoyez 2 cette année au nom de la baisse de la démographie.
Mais la France est (presque) dernière en Europe sur le nombre d’élèves par classe. La baisse démographique doit servir à baisser ce nombre et non à faire des économies. Nous le contestons dans l’éducation nationale. Nous ne l’acceptons pas à Paris. Sachons avoir des principes qui ne soient pas à géométrie variable.
Autre sujet, l’animation du péri-scolaire. Nous soutenons le mouvement social de l’animation et des ASEM à travers différents vœux et présentons un amendement pour obtenir 50 postes supplémentaires de déprécarisation. Qui ne se traduit pas par un supplément budgétaire puisque ces personnels sont déjà payés. Mais par de meilleures conditions de travail, et un meilleur service public.
Du péri-scolaire aux vacances, j’en viens aux dispositifs des vacances « arc en ciel » et Paris jeunes vacances. Les vacances sont une nécessité dans le développement des individus. Depuis le Front Populaire et sa grève générale, elles sont devenues un droit. Qui suppose lui aussi des moyens quand on sait qu’un jeune parisien sur 3 ne part pas en vacances. Nous avons déposé un amendement pour augmenter de 200.000€ le budget des vacances arc-en-ciel, les colonies de vacances parisiennes ; Et 100.000€ pour Paris jeunes vacances, permettant davantage de courts-séjours collectifs et encadrés.
Je finirai par le secteur de la puériculture, qui est en souffrance du fait de conditions de travail difficiles et de salaires insuffisants. Nous déposons un amendement de 230 000 € pour la mise en place d’un CFA diplômant pour les auxiliaires de puériculture. Il permettra la création de poste d’un directeur de CFA et d’un formateur (catégorie A), d’un gestionnaire administratif et comptable ainsi qu’un coordinateur des stages (cat B).
Intervention de Jean-Philippe GILLET
Madame la Maire, mes chers collègues, On le sait, on discute de ce budget dans un contexte d’instabilité particulier du fait de l’extrême libéralisme d’Emmanuel Macron et de ses troupes. Doctrine qui ne tolère aucun compromis avec le monde du travail et les classes populaires.
Pataugeant dans le marécage dudit « intérêt général », qui intervient après 7 ans de service d’intérêts particuliers, les macronistes ont tenté de préparer la pire austérité depuis bien longtemps et une casse brutale de la fonction publique que j’évoquerai plus précisément dans un vœu lors de ce conseil.
Cependant, à l’heure ou Stanislas Guérini et Guillaume Kasbarian ont voulu supprimer les catégories de la fonction publique, augmenter la carence, geler le point d’indice. A l’heure ou Valérie Pécresse veut couper à la hache dans la fonction publique et où Pierre-Yves Bournazel dans la tradition de sa famille politique depuis plus de cent ans, laisse penser que les fonctionnaires son des fainéants…
A l’heure où la droite, qu’elle soit extrême ou non, sait chanter en cœur le même refrain : celui de la haine des fonctionnaires, et si j’ose dire des travailleurs de manière générale, nous devons poser des actes concrets de résistance.
Nulle idéologie clamera la droite : il s’agit simplement de faire plus et mieux avec moins. Nous, nous assumons : plus le temps avance et plus la fonction publique est amenée à faire plus et ce avec plus d’agents.
A toute fin utile, je rappelle qu’au début du XXe siècle il y avait 200.000 agents publics et fonctionnaires. Quand Maurice Thorez est devenu ministre de la fonction publique nous sommes passés à 1,1 million de fonctionnaires. Quand Anicet Le Pors est devenu ministre de la fonction publique en 1981, il y avait 2.1 millions de fonctionnaires. Aujourd’hui il y en a 5.7 millions.
La droite peut hurler autant qu’elle le souhaite, elle peut s’attaquer en permanence au statut, la progression des services publics est inéluctable sur le temps long. Les nouveaux besoins des usagers, liés au changement climatique par exemple, trouveront toujours une réponse publique.
Cependant, la Ville de Paris se doit tout de même d’être protectrice des agents et des usagers et d’augmenter ses ambitions en matière de politique de ressources humaines, notamment via la déprécarisation massive des agents d’animation qui interviennent dans nos écoles, et via la lutte contre la vacance qui frappe les différentes filières. Une vacance qui, selon le compte administratif 2023, s’élève à 18,1% dans la filière médico-sociale, 17.9% dans la filière sociale, à 10.8% dans la filière sportive et à 13.8 dans la filière animation !
A la manière du plan de déprécarisation, nous devons impérativement un plan de lutte contre la vacance de poste, nous le devons tant aux agents pour améliorer leurs conditions de travail, qu’aux usagers pour encore améliorer la bonne qualité de service public que nous leurs rendons. Mes chers collègues, en cette année de Jeux Olympiques, nous avons porté, et c’est un thème cher à Nicolas Bonnet, le droit au sport pour toutes et tous. C’est dans cet esprit que dans le cadre du PLU mais aussi dans celui de l’héritage laissé par les Jeux Olympiques, nous défendons le développement de la ceinture verte et sportive.
C’est pourquoi nous proposons un amendement de 50 millions d’euros afin de rénover et surélever les centres sportifs Alain Mimoun dans le 12e, le centre Elisabeth dans le 14e et le centre de la Porte d’Asnières dans le 17e. Ce qui nous permettra à la fois de proposer davantage d’équipements sportifs, car à Paris le manque est criant, mais aussi de végétaliser et débitumer certaines surfaces sur ces emplacements. Tant du point de vue écologique que social c’est gagnant-gagnant.
Nous proposons également la rénovation du vélodrome de la Cipale dans le 12e arrondissement et notamment la réhabilitation de ses tribunes, mais également la réhabilitation de l’espace de glisse de Bercy qui permet notamment la pratique du roller et du skate.
Enfin, j’en terminerai en évoquant la question des carrefours dangereux pour les cyclistes et l’impérieuse nécessité de les sécuriser. La mort tragique de Paul Varry a mis en lumière la dangerosité de certaines intersections.
En 2023, 221 cyclistes sont décédés et 2500 ont été blessés selon les chiffres de l’ONISR. Deux associations d’usagers du vélo ont recensé dix intersections les plus dangereuses de chaque arrondissement parisien ce qui représente un total de près de 200 intersections et plus généralement 20 axes routiers à aménager en priorité au cours de l’année 2025 « pour assurer la continuité du réseau de pistes cyclables parisien dans tous les arrondissements ».
La Ville de Paris se doit de prendre le sujet à bras le corps et doit faire en sorte que les cyclistes puissent circuler en toute sécurité. C’est pourquoi nous avons déposé un amendement demandant à ce qu’une autorisation de programme de 4 millions € couvrant la mandature soit mise en place pour la sécurisation et l’aménagement provisoire des intersections et carrefours dangereux identifiées et 2 millions d’euros de crédits de paiement de soient prévus pour l’année 2025.
Je tiens à rappeler que cet amendement acte financièrement le vœu relatif aux violences motorisées et à la sécurité des usagers vulnérables voté en novembre dernier.