Après la prise de conscience progressive de la nocivité de la pollution atmosphérique, vient enfin celle de la prise de conscience de la gravité des nuisances sonores. Elles ont des conséquences sanitaires graves (notamment sur les maladies cardio-vasculaires), des conséquences sur le développement des enfants (avec des retards scolaires avec les troubles du sommeil), des conséquences sur la dégradation de qualité de vie et du bien-être chez soi ou au travail pour tout un chacun.
→ Le coût annuel des nuisances sonores en France est d’ailleurs astronomique : 156 milliards. Maladies, déconcentration, perte de productivité, stress : les Français subissent de plein fouet l’impact du bruit au quotidien. Notamment ceux qui vivent au sein des grandes métropoles où d’espaces urbains denses.
→ En Île-de-France, le coût social du bruit des transports s’élève à 26 milliards d’euros. A Paris, les études de l’OMS sont sans appel : les habitants perdent en moyenne 8 mois d’espérance de vie. 62% d’entre eux indiquent être gênés par le bruit à leur domicile.
→ Concernant le bruit, c’est l’inaction qui coûte le plus cher : pour la santé de nos concitoyens d’abord. Et si l’on souhaite utiliser l’argument financier, pour la productivité de nos entreprises aussi.
→ Ce sont toujours les classes populaires qui sont le plus exposées au bruit. En France, ce sont celles habitant à proximité des voies aériennes, des aéroports, des grands nœuds routiers. Ce sont celles qui habitent là où les terrains sont les moins chers, les loyers les moins élevés, notamment à cause du bruit.
→ Il suffit d’observer la cartographie du bruit routier pour constater l’impact des grandes artères et de la circulation et conclure que la réduction de la circulation est un enjeu majeur pour réduire le bruit dans notre ville. Cette réduction de la circulation aura un impact positif pour les habitants des quartiers populaires, premiers concernés par ces nuisances sonores.
→ Aujourd’hui, il est considéré que le niveau d’exposition au bruit devient préoccupant au-delà de 80 décibels. Et les actifs non-diplômés sont les plus exposés à ces niveaux de bruit : en moyenne 61% d’entre eux, soit 12 points de plus que la moyenne nationale. Ils travaillent dans l’industrie à 67%, dans le commerce à 58% et dans le BTP à 52%.
→ Lutter contre le bruit est donc un combat de classes : c’est lutter pour un environnement de qualité pour toutes et tous, quelle que soit sa classe sociale ; c’est lutter pour un cadre de vie agréable, que l’on soit premier de corvée ou classes moyennes, les ultra-riches s’étant déjà réservé des environnements calme et verdoyants.
→ A Paris, nous n’avons pas attendu pour agir. Le plan de prévention du bruit et de l’environnement débuté en 2015 a permis une réduction significative de l’exposition au bruit des Parisiens. La baisse moyenne constatée est de deux décibels. C’est un début. C’est une trajectoire. Qui va dans le bon sens, et qui montre que l’action publique volontaire peut réellement transformer notre environnement.
→ Nous partageons les ambitions du nouveau plan qui nous est proposé, qui a pour objectif une nouvelle réduction de 1 à 4 décibels d’ici à 2026. Lutte contre le tapage nocturne, contre le bruit sur les chantiers, contre le bruit de la circulation : ce plan va permettre de réduire de 87% le nombre de personnes encore aujourd’hui exposées à des seuils trop élevés.
→ Nous pensons cependant qu’il est nécessaire d’insister sur plusieurs points. Pour réduire la circulation, nous devons investir massivement dans les moyens de transports alternatifs. C’est ce que nous avons fait avec le développement de nouvelles pistes cyclables, c’est ce que nous devons faire avec le développement d’une nouvelle ligne de transport en commun pour remplacer le périphérique. C’est aussi la réduction du fret routier, que nous souhaitons remplacer par le fret ferroviaire en partie sur des tronçons de la petite ceinture mais aussi sur le réseau ferroviaire existant, sans oublier le fret fluvial avec la Seine.
→ Le second point est celui de l’isolation des logements. 4,8 millions de passoires thermiques existent aujourd’hui en France. Leurs habitants subissent souvent une double peine : à la mauvaise isolation thermique s’ajoute la mauvaise isolation phonique. Ses conséquences sont dramatiques et entraînent stress, maladie cardiovasculaires, obésité, troubles de la santé mentale et bien d’autres pathologies. De notre côté, nous nous sommes saisis de ces questions depuis déjà de nombreuses années. Entre 2014 et 2020 avec Ian Brossat, 4500 logements sociaux ont été rénovés chaque année. Et nous devons tenir notre engagement : celui de rénover 40 000 logements sociaux et 100 000 logements privés d’ici à la fin de la mandature. → Nous devrons aussi promouvoir tout ce qui permet de réduire les nuisances sonores, des protections anti-bruit au niveau du périphérique, de l’utilisation de revêtements acoustiques, du contrôle des bruits des moteurs.
Bref, nous le constatons, la boite à outils pour lutter contre le bruit est fournie.
La lutte pour un environnement de qualité pour toutes et tous, suppose définitivement un investissement massif public pour réguler et transformer l’espace public.