La commission du vieux Paris, structure historique du patrimoine parisien, fournit un travail constant et important sur le périmètre de notre ville. Elle sait être constructive même si parfois trop impartiale. Ayons en tête leurs avis sur le projet de modernisation de l’Hôtel Dieu, de la Samaritaine ou encore de la gare du Nord qui ont permis d’écarter des projets irrespectueux d’un patrimoine mémorable. D’autre avis ont eu moins de succès mais étaient tout aussi percutants à nos yeux : je pense en particulier à celui émis en faveur de l’avenir de la maison des arts et traditions populaires proposée par LVMH.
Depuis fin 2020, nous avons permis avec une modification de ces règles de fonctionnement interne, de la faire sortir d’un mystérieux entre soi.
Mais le bilan annuel 2021 montre l’intérêt du travail fourni même si nous aurions aimé avoir plus d’informations qualitatives que quantitatives. Quoi qu’il en soit, les avancées et la transparence du travail effectué est réelle.
La mise en ligne gratuite et la cartographie interactive de plus de 10 000 photos de Paris au 20e siècle en juillet dernier par la commission prouve que le travail engagée par cette dernière est important et utile car il contribue au travail de mémoire de notre villes, de ses habitants d’aujourd’hui et d’hier..
La commission avance, donc, et c’est tant mieux. Elle devra continuer car ce travail est nécessaire mais pas à n’importe quel prix.
Nous devons continuer de rester attentifs à l’évolution de la ville. L’esthétique urbaine parisienne passe aussi par-là : elle doit mêler l’ancien et le nouveau, le vivant et le paysager, le végétal et le minéral, le logement et le bureau…
Si cette commission a pour vocation de reconnaître le caractère patrimonial de bâtiments anciens, elle doit aussi, selon nous, être l’occasion de prendre en compte les besoins de ces bâtiments en rénovation thermique et en travaux d’accessibilité. L’évolution des usages urbains, des mutations urbaines et des engagements de la ville de Paris en matière de construction de logement, de développement de services publics qui doivent être prioritaires, y compris dans le vieux bâti. C’est d’autant plus important si l’on ne souhaite pas que Paris se muséifie encore un peu plus, si l’on souhaite que la ville continue d’appartenir à toutes et tous, que Paris continue de rester vivante.
Dans la mesure où le vieux bâti se concentre justement et majoritairement dans des territoires peu populaires, il revient donc à cette commission d’accompagner cet engagement pour la ville.
La question de la rénovation énergétique de l’ensemble des bâtiments parisiens y compris ceux faisant l’objet d’une PVP se pose avec acuité. Nous ne pouvons pas n’être vigilants qu’aux restrictions imposées par des Protections Ville de Paris (PVP) parfois trop contraignantes qui pourraient empêcher les rénovations imposées par le Plan climat afin d’isoler les bâtiments au regard des enjeux climatiques. Un travail fin doit être être engagé pour ne pas opposer ces objectifs.
Gardons en tête qu’un bâtiment bien protégé au niveau patrimonial, c’est un bâtiment bien protégé face aux enjeux climatiques. Si, collectivement, nous ne nous donnons pas les moyens d’adapter le patrimoine, il dépérira. Ce sera alors la preuve que la protection PVP du bâtiment aura été un échec.
Il est donc urgent de modifier le PLU dans ce sens. L’avenir patrimonial c’est aussi l’avenir durable et c’est dans ce sens que les règles appliquées aux PVP doivent être redéfinies dans le cadre du PLU !