Cette délibération nous rappelle que le réseau des bibliothèques municipales de Paris est{{}} le plus grand réseau d’Europe. Et pour ce magnifique réseau nous avons une ambition commune, celle de l’inscrire pleinement dans notre démarche de transition écologique et sociale.
C’est une démarche qui concerne bien évidemment tous nos bâtiments publics qu’il va falloir rénover et parfois repenser pour y déployer de la végétalisation, des installations d’énergies renouvelables et garantir un accueil aux publics et aux travailleurs dans une nouvelle donne climatique. Mais dans le cadre des bibliothèques c’est un peu spécial car ce n’est pas un bâtiment public ou service public comme un autre. Elles constituent une porte d’entrée vers la culture et l’émancipation pour toutes et tous, tout au long de la vie.
Dans ce contexte d’ambition climatique, le désherbage qui consiste à envoyer 340.000 documents à l’incinération pour alimenter le chauffage urbain est vertueux. Qui plus est, aujourd’hui seuls 7% des documents sont désherbés et il est donc normal de pousser le curseur au maximum et atteindre 100% de documents désherbés.
Cependant, en dépit de notre ambition et de l’engagement de notre majorité, le réseau de bibliothèques municipales n’est pas encore tout à fait exemplaire en matière de transition écologique et sociale ni en matière de qualité de service public. Nous avons tous lu la presse et avons tous eu, des remontées de la part d’habitants et d’habitantes concernant les bibliothèques.
Les problématiques sont nombreuses. Entre les défauts de conception, les ouvertures prématurées - je pense notamment à James Baldwin -, les restrictions budgétaires, l’incomplétude de certaines collections, les fuites, ou pire encore, l’exposition à des taux de C02 supérieurs aux normes par manque d’aération comme à la bibliothèque Parmentier.
Je pense aussi aux manques de personnels qui obligent à des fonctionnements en sous-effectifs, et ne permets pas de tenir les horaires d’ouverture au public sur les plages habituelles. Les métiers aussi ont changé notamment avec les nouvelles technologies et de fait le personnel en catégorie B fait souvent du travail qui réponds à des compétences de catégorie B sans, évidemment, en avoir le salaire.
Je crois que, compte tenu de l’engagement de la Ville en matière de bonnes conditions de travail, nous devons être attentifs aux demandes des agents surtout quand elles sont assorties d’un avis de la MIST qui va dans leur sens, comme c’est le cas à Parmentier.
Car quand les conditions de travail des agents sont dégradées, c’est aussi les conditions d’accueil qui en pâtissent. Je pense aux fortes chaleurs ressenties– y compris dans les nouveaux équipements – et alors même que les bibliothèques sont supposées être des lieux de fraîcheur pour les parisiens. C’est pourquoi nous engageons la Ville à initier un inventaire des différents dysfonctionnements qui affectent les bibliothèques parisiennes et qu’elle amplifie son action en matière de rénovation thermique des bibliothèques.
Tous ces dysfonctionnements que j’ai cités menacent non seulement la qualité mais aussi continuité de service public.
Nous voulions aussi aborder les problématiques engendrées la fermeture de la BPI le 2 mars dernier. Cela représente 2500 places de moins sur le territoire parisien et aura un impact durable sur de nombreuses petites bibliothèques de quartier puisque la durée des travaux est estimée à 5 ans ! Le déménagement de la BPI au sein du bâtiment Lumière à Bercy ne suffira pas à compenser les 2500 places manquantes. Sans compter que dès le mois de mai, selon l’expérience des bibliothécaires de la BPI , de nombreux lycéens viennent réviser le baccalauréat. Nul doute que les bibliothèques ne pourront absorber ce flux sans que cela n’impacte l’accueil des publics habituels et les animations proposées par les équipes.
Si aucune alternative n’est proposée aux lycéens, aux étudiants et aux télétravailleurs, c’est aux agents qu’incombera la lourde décision de trier parmi les publics alors qu’eux-mêmes sont toutes et tous attachés à l’accueil universel des publics. Ils s’y refuseront d’ailleurs certainement.
C’est pourquoi nous demandons à la Ville de Paris d’entamer un dialogue avec l’Etat pour obtenir une compensation financière et mobiliser des bureaux vides afin de proposer des lieux d’accueil temporaire, immédiatement fonctionnels avec du courant, des tables et du calme, afin que chacun s’y retrouve. Je crois que c’est une nécessité si l’on souhaite que les publics précaires, les petits parisiens et les familles puissent bénéficier d’un service public de proximité d’excellence sans perturbation.