Jina Mahsa Amini, ne célébrera pas ces 23 ans, jeune femme kurde iranienne, elle a été odieusement assassinée par la police des mœurs de Téhéran pour port de « vêtement inapproprié ».
Son décès a été le détonateur, les femmes iraniennes qui se sont rassemblées pour dénoncer la brutalité du régime et pour défendre leur liberté et leurs dignités. Avec un courage indicible, elles ont protesté à visage découverts, se sont coupés les cheveux en filmant leur geste sur les réseaux sociaux et sont allées jusqu’à bruler leurs voiles sur la place publique.
Cela fait maintenant 24 jours que la contestation ne faiblit pas et cela malgré la répression violente des forces de l’ordre iraniennes : le dernier bilan fait état de 92 morts et de centaines de personnes blessées et arrêtées. Les autorités iraniennes restreignent l’accès à Internet et aux réseaux mobiles pour tenter de limiter les capacités de rassemblement pour pouvoir les réprimer violement à huis clos., mais rien y fait, la protestation continue dans tout le pays.
Ces mouvements ne viennent pas de rien, depuis 10 ans, de nombreuses manifestations ont contesté le régime dictatorial pour des raisons économiques et sociales et ont été réprimées dans le sang par le régime.
Le soulèvement actuel se distingue cependant des précédents. Il vient des profondeurs de la société et exprime une exaspération à l’égard du pouvoir théocratique. Si les femmes sont aux avant-postes contre ce régime brutal et autoritaire, la révolte gagne toute la jeunesse y compris masculine car l’aspiration à un changement radical est massive.
Le décès de Jina Mahsa Amini a cree un immense élan de solidarité partout dans le monde et de nombreuses organisations de défense des droits humains ont appelé à ce que la communauté internationale prenne des mesures concrètes « pour s’attaquer à la crise de l’impunité systémique qui permet aux autorités iraniennes de poursuivre sans relâche les actes de torture, les exécutions extrajudiciaires et les autres homicides illégaux, aussi bien derrière les murs des prisons que pendant les manifestations ».
Rappelons que le 5 juillet 2022, le président Ebrahim Raïssi avait demandé que la loi "sur le hijab et la chasteté du pays" élaborée en 2005 soit strictement appliquée. (Ce qui signifie que le foulard doit également couvrir le cou et les épaules). L’élite religieuse conservatrice du pays lui apporte son soutien total et a ordonné des mesures supplémentaires en incitant les administrations, banques et transports publics à ne pas servir des femmes "mal voilées". Certains maires sont même allés jusqu’à interdire l’accès au métro aux femmes portant un hijab « inapproprié ». Suite à quoi, le 12 juillet dernier, à l’occasion de la « journée du hijab et de la chasteté » (qui est inscrite au calendrier de la République islamique) de nombreuses iraniennes ont participé à une campagne nationale de désobéissance civile contre le foulard obligatoire. Nombre d’entre elles se sont faites arrêter.
Le combat des femmes iraniennes pour leur liberté n’est pas nouveau et nous sommes fiers que notre ville ait toujours été à leur côté. Nous nous souvenons de toutes ces femmes qui ont lutté contre la dictature théocratique du gouvernement iranien. De Zahra Ziba Kazemi, journaliste et photographe arrêtée, torturée violée et assassinée en juillet 2003 pour avoir pris des photos de la prison de Téhéran. De Nasrin Sotoudeh, cette avocate condamnée en mars 2019 à 33 ans de prison et 148 coups de fouet pour avoir défendu les droits des femmes et des prisonniers. De Yasaman et Monirey Ariani, mère et fille condamnées à 16 ans de prison en juillet 2019 pour avoir distribué des fleurs dans le métro sans voile. De Hadis Najafi, morte de 6 balles tirées par les services de sécurité le 22 septembre dernier à Karaj.
Leur lutte prend aujourd’hui le visage de Jina Mahsa Amini, à qui nous rendons hommage, ainsi qu’à toutes les iraniennes et iraniens qui luttent au péril de leur vie contre ce régime inique et pour que les femmes puissent vivre en disposant librement de leur corps.
C’est pourquoi, comme je crois chacun des groupes du conseil de Paris, nous avions porte un vœu qui se voit totalement comblé par celui de l’exécutif et par la citoyenneté d’honneur que nous allons octroyer à Jina Mahsa Amini à titre posthume.