Mes propos iront dans la droite lignée de ce que vous venez de dire, cher Jérôme LORIAU. Effectivement, un grand bravo et merci à cette association, qui oeuvre là où les pouvoirs publics, notamment l’Etat, ont un peu délaissé le sujet. Un clin d’oeil appuyé à la présidente de cette association, Juliette RYAN, qui a repris le flambeau depuis quelques années et qui porte la continuité de ce travail qui est mené depuis dix ans.
Heureusement que ces associations sont là et qu’elles ont été là pour alerter et pour poser la question de l’endométriose dans le débat public, parce qu’aujourd’hui on estime que 10 à 20 % de femmes seraient touchées. La fourchette est tout de même assez large, du simple au double. Ce seraient à peu près 100.000 Parisiennes concernées. Néanmoins, nous sommes presque sûrs que ces chiffres sont sous-estimés, parce que, si des associations et des personnalités publiques n’avaient pas mis ce sujet sur la table, n’avaient pas parlé de l’endométriose, combien de femmes n’auraient pas fait les démarches pour se faire diagnostiquer et pour enfin poser des mots sur les maux qu’elles ont depuis des années ?
L’errance médicale est tout de même caractéristique de l’endométriose. On compte en moyenne sept à dix ans d’errance médicale avant de pouvoir poser le diagnostic sur les souffrances diverses et variées que subissent les femmes atteintes d’endométriose. Je pense que c’est symptomatique de beaucoup de choses.
C’est symptomatique, tout d’abord, de la place du patient, de la patiente en l’occurrence, dans le parcours de soins. C’est aussi symptomatique d’une médecine qui est souvent trop "ando-centrée", faite par les hommes, pensée par les hommes et pour les hommes, dans laquelle on estime que les femmes pourraient peut-être avoir tendance à exagérer, à en rajouter, et dans laquelle on ne prend pas assez en compte les différents symptômes qu’elles expliquent.
Nous le savons, il n’existe pas aujourd’hui de traitement pour l’endométriose, il existe cependant des solutions pour soulager un petit peu les symptômes. Vous l’avez très bien dit, cher collègue. Malheureusement, c’est vrai qu’aujourd’hui on préfère rembourser des médicaments, des antalgiques, plutôt que d’accompagner vers des séances de diététique, des régimes diététiques anti-inflammatoires, des séances de "kiné" ou certains types de sports qui peuvent aider à réduire les douleurs et tous les autres symptômes autour. Malheureusement, il n’y a pas de prise en charge de cela.
Il y a aussi une trop faible prise en charge des consultations des spécialistes. Aujourd’hui, tous les médecins ne sont pas sensibles et formés sur ces questions. Il y a de moins en moins de gynécologues, et c’est de plus en plus difficile d’avoir accès à des rendez-vous. Souvent, les femmes ont un suivi gynécologique par leur médecin généraliste, qui peut être compétent sur certaines choses, avec la formation adéquate, mais qui est un médecin généraliste et qui n’est donc pas spécialisé. Une consultation de spécialiste, ce sont des dépassements d’honoraires, ce qui n’est pas accessible à tout le monde. Là encore, nous retombons dans une médecine à deux vitesses.
Merci, donc, à ces associations d’exister et d’aider les patientes, les femmes à reconnaître les symptômes et à s’orienter pour réaliser un diagnostic de cette maladie.
Je terminerai en disant que cette subvention a vocation à subventionner une enquête sur l’impact de la maladie sur la sexualité des femmes atteintes de l’endométriose, parce qu’il y a besoin de mieux connaître la maladie. Merci à "Endomind" de réaliser ce travail.