Ce lundi 6 octobre, la communauté internationale a franchi un cap majeur avec le vote par l’Union Européenne d’une résolution créant un mécanisme d’enquête sur les crimes les plus graves commis en Afghanistan.
Cette initiative fait suite à la décision de la Cour pénale internationale de La Haye, qui, en juillet dernier, a émis des mandats d’arrêt contre le chef des talibans et le président de leur Cour suprême. Accusés de crimes contre l’humanité pour la persécution systématique des femmes et des filles, cet apartheid de genre établi au vu et au su de tous fait figure de crachat au visage de la communauté internationale.
Le pays tout entier est à genoux. Plus de 9 millions d’Afghans souffrent aujourd’hui d’insécurité alimentaire, dont 1,6 million sont menacés de famine. Cette crise humanitaire est aggravée par la pire sécheresse que le pays ait connue depuis 30 ans et par les répercussions de la guerre en Ukraine, qui perturbent toujours l’approvisionnement en blé, en denrées essentielles et en intrants agricoles, tout en faisant flamber les prix du carburant. Pour les talibans, peu importe : à leur retour au pouvoir en août 2021, faire de l’Afghanistan une prison à ciel ouvert pour les femmes était la priorité. Chaque décision, chaque décret est un pas de plus vers l’annihilation de la moitié de la population.
Jusqu’au sommet de l’horreur le 1er septembre dernier, lors du tremblement de terre qui a fait plus de 2 200 morts et 4 000 blessés. Des femmes sont restées ensevelies sous les décombres pendant des heures, voire des jours, parce que les hommes étrangers à leur famille n’avaient pas le droit de les toucher. En Afghanistan, sous la loi des talibans, des femmes ont agonisé seules sous les gravats alors qu’elles auraient pu être secourues.
En août 2024, 35 nouvelles lois ont été promulguées, renforçant l’arsenal liberticide contre les femmes. Progressivement, les noms des femmes ont été effacés des certificats officiels, et parfois même de leurs tombes. Il leur est aujourd’hui interdit de chanter, d’étudier, d’enseigner, de faire du sport, de lire ou d’écrire de la poésie : elles ne sont plus qu’un ventre.
De ce fait, une grave pénurie de personnel féminin, notamment médical est devenue structurelle - et la mortalité des femmes augmente. C’est une politique claire d’annihilation. En physique, l’annihilation est définie comme la désintégration totale conduisant la masse à se transformer en énergie. Les hommes, en Afghanistan comme en Iran, ignorent que cette énergie, celle des femmes opprimées, est plus forte que les pires de leurs lois. Car les femmes afghanes résistent toujours. Elles continuent à écrire notamment, à faire circuler clandestinement des landays, “petits serpents venimeux”. Ces poèmes courts et souvent sarcastiques se vivent comme une meurtrière sur leur monde. Plus de 50 000 circuleraient aujourd’hui en secret - ils sont autant d’empreintes de femmes qui refusent de laisser ces talibans qui contrôlent leur corps, éteindre leur esprit.
Depuis le retour au pouvoir de ces derniers en 2021, Paris s’est fortement engagée aux côtés du peuple afghan, et des afghanes plus particulièrement. De la grande conférence de la solidarité aux projets de santé, nutrition et sanitaires que la Ville a financé via Action contre la faim jusqu’au soutien à la Begum Organization for Women, notre Ville est mobilisée.
C’est au tour de l’État d’être à la hauteur, en accordant les visas indispensables aux réfugiés afghans qui souhaitent rejoindre la France, en les accueillant dignement et en les protégeant diplomatiquement.
Notre groupe réaffirme son soutien indéfectible au peuple afghan, ainsi qu’aux mouvements féministes et aux forces démocratiques qui, chaque jour, luttent avec courage pour l’égalité des droits, la démocratie, la justice sociale, la paix et la liberté.