L’étude de l’APUR dont vous nous avez conseillé la lecture, Madame la maire, nous apprend que la population étudiante parisienne ne cesse d’augmenter et qu’aujourd’hui près d’un parisien sur 10 est un ou une étudiant.e. En vingt ans la métropole a subi une croissance de +146.000 étudiants, et Paris concentre plus de la moitié de la hausse. Sur les 470.000 étudiants résidant dans la Métropole, près de 200.000 d’entre eux, vivent à Paris et plus d’un tiers, 36%, continuent de vivre chez leurs parents.
Car si à Paris, nous sommes une collectivité bâtisseuse de logements sociaux étudiants, ils sont encore trop peu nombreux et l’offre privée est insuffisante, avec des loyers exorbitants. Trop d’étudiants remettent ainsi en cause leur choix universitaire, faute de logements. Nous connaissons l’effort de la ville sur le logement social étudiant, et en particulier de nos collègues Jacques Baudrier et Barbara Gomes qui ne manquent jamais une occasion pour créer des logements étudiants. Mais je me permets de relayer les alertes des syndicats étudiants auprès du gouvernement qui demandent la création massive de logements CROUS par l’État.
Car si le coût de la vie étudiante a de nouveau augmenté en cette rentrée 2024, le poids des loyers est énorme. Comme celui des frais d’inscription qui vont encore augmenter cette année par décision du précédent gouvernement d’E. Macron. L’accès à l’université des classes sociales les plus modestes n’est plus garanti. Nous demandons dans un vœu que cette hausse des frais d’inscription soit annulée.
Au-delà du logement, les étudiants continuent de s’appauvrir comme le confirme l’enquête de l’UNEF qui révèle une hausse de 2.2% (soit près de 500€ par an) du coût de la vie étudiante pour l’année universitaire 2024-2025.
Les chiffres de l’Observatoire national de la vie étudiante sont aussi éloquents : plus d’un quart des étudiant.es éprouvent des fins de mois difficiles, les amenant à renoncer à des repas ou à des soins.
Cette précarité est non seulement indigne pour notre jeunesse, mais une véritable gabegie. 44% des étudiantes sont obligés de se salarier alors même que le salariat étudiant est une des principales causes d’échec dans le supérieur : plus de la moitié des étudiant.es salariés sont en échec scolaire. Un véritable gâchis.
Le choix de la ville de s’attaquer à la précarité alimentaire est donc non seulement une urgence sociale, mais aussi une action en faveur de la réussite étudiante. Il faut multiplier les portes d’entrées vers les dispositifs de lutte contre la précarité alimentaire, augmenter le nombre de lieux non-stigmatisant complémentaires des CROUS…
Les files devant les banques alimentaires n’ont pas disparu. Il est ainsi désormais courant de voir des étudiants attendre des heures pour être aidés. C’est à Bordeaux la semaine dernière où l’attente durait 3h. C’est devant l’assemblée nationale hier. C’est dans le 13e arrondissement toute l’année universitaire, au vu des besoins criants avec par exemple les associations EssPace et Cop1. Désormais, la multiplication des points d’accueil ouverts par les associations ne permet pas une meilleure répartition des files, mais bien un accroissement de ces dernières. Le nombre de bénéficiaires explose. Ces banques sont devenues indispensables pour de nombreux jeunes, sans lesquelles ils ne mangeraient pas à leur faim. Comment est-ce possible dans la 7e puissance mondiale ?
Pourtant le gouvernement fait la sourde oreille en refusant de réformer le système de bourses, alors que les syndicats étudiants évaluent entre 200.000 et 300.000 le nombre d’étudiantes qu’il « faudrait d’urgence intégrer au système de bourses ».
Le gouvernement ne fait pas que la sourde oreille, il taille également et sévèrement. -900 millions en avril 2024, bientôt -600 millions pour le PLF 2025 à en croire les premiers chiffres du plan d’économie de Barnier. Le monde de l’enseignement supérieur et de la recherche va connaître une de ses pires saignées alors même que l’augmentation du nombre d’étudiantes pour la rentrée 2024-2025 est de 350.000, et de 2 900 000 pour les 8 ans à venir. Autant d’économies qui vont impacter les bourses accordées aux étudiants, et les dispositifs sociaux en matière de restauration, de logement ou de santé.
Une politique à rebours des intérêts populaires. Une gabegie et une faute morale.
L’action de la Ville, volontariste et dynamique sur le sujet contraste avec la politique nationale. Le tissu d’associations aidées est dense et s’adresse à de nombreux publics. Nous saluons le travail et le soutien de la ville et l’action de Marie-Christine Lemardeley.
Enfin, permettez-moi d’élargir le débat avec la proposition du groupe communiste dans son plan « Pour la création d’un « Plan d’urgence » à destination des jeunes » qui défendait la création d’une allocation d’autonomie jeunes. En parallèle de la nécessaire augmentation de l’action des CROUS, il nous semble intéressant de mener le débat sur ce sujet, afin de permettre à la jeunesse de pleinement pouvoir se consacrer à ses études.