Chers collègues, avant toute chose, je souhaite à mon tour saluer les élèves de l’Ecole de la 2e Chance, qui sont présents en tribune avec nous ce matin et qui sont présents en général à chaque Conseil pour assister à nos débats, puis saluer toutes les associations qui sont présentes pour assister et qui participent quotidiennement à l’élaboration de la politique d’accessibilité de notre Ville.
Cette communication est, en quelque sorte, un point d’étape après l’adoption en 2022 de la Stratégie Handicap et Accessibilité Universelle 2022-2026. C’est un véritable travail en transversalité, qui mobilise l’ensemble des services et intègre la question du handicap dans tous les champs de l’action de notre Ville, de 0 à 99 ans. Il faut le souligner, parce que c’est vraiment ce qui fait aussi la réussite de ces politiques publiques.
Le handicap en France reste l’une des premières causes de discrimination. Une hausse constante du nombre de signalements au Défenseur des Droits est à noter. En effet, depuis 6 ans, le handicap reste le premier motif de discrimination. En 2022, on totalise 20 % des signalements adressés au Défenseur des Droits. Les deux premiers secteurs de discrimination sont malheureusement l’emploi, ainsi que les services publics. Selon un rapport concernant la perception des discriminations dans l’emploi, réalisé chaque année par l’O.I.T., l’Organisation Internationale du Travail, le fait d’être en situation de handicap ou de souffrir de maladie chronique multiplie par trois le risque de discrimination au travail.
Concernant le nombre de signalements au Défenseur des Droits, il augmente d’année en année sur ce sujet. Ainsi, parmi les plus de 120.000 adressés en 2022 contre 97.000 en 2020, soit une hausse de presque 9 % par an, 20 % concernent des personnes en situation de handicap. Sur une centaine de pages, le mot "handicap" ressort 57 fois sur l’ensemble de ce rapport. On a des exemples absolument effarants de ce que peuvent vivre des personnes en situation de handicap au quotidien. Par exemple, en Ile-de-France, un adolescent de 16 ans, atteint de troubles autistiques, a été placé en garde à vue. Sa mère n’a pas été autorisée à rester auprès de lui. Les policiers n’ont absolument pas tenu compte de sa situation et de son handicap. En Auvergne-Rhône-Alpes, c’est un homme qui avait atteint l’âge de départ à la retraite, qui percevait l’A.A.H., qui s’est vu supprimer cette allocation spécifique, parce qu’il partait à la retraite et que la CAF, la Caisse d’Allocations Familiales, avait estimé qu’il n’avait plus besoin de ce complément de ressources ; bien sûr, une estimation faite complètement à tort.
Si la Ville de Paris s’engage fortement, elle ne peut pas combler tous les manques, tous les manquements, toute l’absence de politiques dans notre pays. L’Etat a une lourde responsabilité, notamment en matière d’éducation. Bien sûr, l’école inclusive, c’est important, mais l’école inclusive, cela ne peut pas être seulement un vœu pieux. Le nouveau Ministre Pap NDIAYE, avec la création des PIAL, a mutualisé les A.E.S.H. On le sait, on en a parlé plusieurs fois dans cet hémicycle, la situation des élèves en situation de handicap était déjà très compliquée. Il manquait déjà beaucoup d’A.E.S.H. Cette mutualisation, qui n’était en réalité que de la poudre aux yeux pour essayer de pallier ce manquement, n’a fait qu’aggraver la situation.
De même, le recul des services publics augmente les discriminations. Par exemple, dans le rapport de la Défenseure des Droits, en 2022, une hausse de 14 % des signalements concernait les services publics, 14 % de plus par rapport à 2021. Encore une fois, ce qui est en cause, c’est la dématérialisation croissante, le recul de l’accueil de nos services publics. Comme vous en avez parlé, Madame la Maire, la dématérialisation, c’est aussi une source d’exclusion et une source de discrimination. A Paris, nous avons un engagement fort. Nous y serons très attentifs et vigilants. Il est important que nos sites Internet et nos numéros d’information soient mis en accessibilité. Il est aussi important que l’on continue à avoir des accueils physiques, là où les personnes peuvent se rendre. En effet, quand on dématérialise, quand on informatise, on le voit avec les services de l’Etat, on laisse une partie de la population au bord du chemin.