Intervention de Nicolas BONNET OULALDJ
Permettez-moi de rappeler quelques évidences en introduction de mon intervention sur le débat concernant la santé publique : oui la santé doit être un bien commun, non les hôpitaux ne sont pas des machines à fric, oui nous devons continuer de développer les centres de santé en régie à Paris.
Ici, nous sommes toutes et tous d’accord sur le constat : le secteur de la santé va mal, à Paris comme en France.
Retraite à 64 ans, pas de hausse de salaire mais des primes qui dépriment et dernièrement, un dégel du point d’indice de 1,5% : voilà comment notre gouvernement insulte, pardon, remercie les soignants pour leur engagement lors de la crise sanitaire.
En 2 ans, le nombre de postes d’infirmiers vacants est passé de 10 000 à 60 000.
A Paris, les chiffres sont aussi alarmants.
Depuis 20 ans, le nombre de médecins généralistes a baissé de 20%. Aujourd’hui, près de 40% des médecins ont plus de 65 ans. Ce qui veut dire qu’un nombre massif de départs à la retraite aura lieu dans les 10 années qui viennent. Paris doit s’y préparer.
Mais surtout, c’est la rupture entre le secteur 1 et le secteur 2 qui est la plus importante. Dans notre capitale, 80% des médecins spécialistes pratiquent les dépassements d’honoraires. Aucun parisien ne devrait avoir à choisir entre se soigner ou manger.
Face à cette situation, Paris développe des outils, mais doit aussi défendre l’existant.
Par “l’existant”, j’entends ses hôpitaux. Aujourd’hui, deux d’entre eux sont encore menacés : l’hôpital Bichat et l’hôpital Hôtel-Dieu.
Avec le vote du nouveau Plan Local d’Urbanisme, une première victoire a été obtenue contre les appétits financiers qui menacent l’hôpital Hôtel Dieu : son déclassement en zone commerciale, permettant d’y implanter des commerces de luxes, n’a finalement pas eu lieu. La parcelle de cet hôpital reste donc, pour l’instant, en “zone urbaine de grands services urbains”.
Oui, “pour l’instant”. Car, suivant la procédure légale de renouvellement du PLU, celui-ci va désormais être passé au crible de l’administration de l’Etat qui pourra effectuer les modifications qu’il souhaite.
Nous demandons donc le plus fermement à ce que le vote des conseillers de Paris soit respecté, afin de préserver l’hôpital Hôtel-Dieu de tout projet commercial.
La crise sanitaire l’a montré : nous avons plus que besoin de l’hôpital Bichat. L’urgence n’est pas de fermer cet hôpital, mais d’en ouvrir de nouveaux. Nous avons besoin d’une 3e offre hospitalière de proximité, pas de prendre prétexte de la construction d’un nouvel hôpital pour en fermer deux.
Nous le rappelons : l’AP HP ambitionne de fermer cet hôpital ainsi que l’hôpital Beaujon de Clichy pour créer un mastodonte à Saint-Ouen qui supprimera 1000 emplois et 300 lits d’hospitalisation. Il est temps de dire “stop” à ces projets de restructurations comptables, “stop” aux économies au détriment de la santé de proximité, “stop” à ces hôpitaux-usines. L’hôpital Bichat doit demeurer.
C’est le sens du moratoire que les élu.es communistes ont fait voter au Conseil de Paris en juin 2021. Nous demandons à ce qu’il soit effectivement mis en place.
D’autant plus que nous, communistes, ne sommes plus les seuls à remettre en cause ce projet. Le rapporteur public a déclaré jeudi 21 juin que “Le décalage avec les besoins prévisibles est d’une gravité telle qu’il nécessite l’annulation de la D’Utilité Publique”.
Nous devons donc défendre l’existant, et poursuivre le développement d’outils qui fonctionnent.
C’est le cas du dispositif Paris Med. Oui, Paris doit continuer à accompagner l’installation de médecins généralistes et spécialistes. Cependant, la nouvelle version de Paris Med introduits plusieurs éléments qui nous posent questions :
- en ouvrant le dispositif aux cabinets paramédicaux, la Ville permet à des cabinets paramédicaux d’ouvrir sans médecin généraliste ou spécialiste ;
- En s’ouvrant à l’ensemble de Paris, le dispositif ne cible plus certains quartiers populaires qui s’apparente à des déserts médicaux urbains.
C’est pourquoi nous déposons un vœu rattaché à la délibération concernant Paris Med pour développer de nouveaux centres de santé municipaux.
Pourquoi des centres de santé municipaux ?
Parce qu’ils pratiquent systématiquement des tarifs en secteur 1 et le tiers-payant, parce qu’ils garantissent un accueil inconditionnel à tous les publics, parce qu’ils emploient des médecins des médecins salariés, avec une rémunération fixe, ce qui encourage à prendre le temps lors de consultations. Enfin, parce qu’ils sont attractifs pour les jeunes médecins qui cherchent à s’installer grâce à des horaires définis qui permettent de concilier vie professionnelle et familiale, un meilleur niveau de protection sociale, un exercice diversifié en lien avec des actions de santé publique, d’éducation à la santé, de recherche et de formation, une gestion administrative assurée par une secrétaire payée par la Ville de Paris, une liberté de mobilité, en cas de départ la Ville de Paris conserve le matériel du cabinet, qui lui appartient.
Le vote de notre PLU, le 5 juin dernier, confirme la volonté de notre ville d’implanter de nouvelles structures de santé avec la création de plus de 80 nouvelles réserves.
Nous vous proposons de s’appuyer sur ces nouvelles réserves pour confirmer, par ce voeu, la création de centre municipaux de santé dans un quartier politique de la Ville du 10e arrondissement, dans le quartier Belleville-Fontaine au roi du 11e, dans le 12e arrondissement, dans la ZAC Bédier-Oudiné du 13e arrondissement, dans la ZAC Gare des Mines-Fillettes, cité Charles Hermite du 18e arrondissement, dans le quartier politique de la ville Danube Solidarité du 19e arrondissement, et d’un centre médical spécialisé dans l’enfance soit créé dans le quartier Saint-Fargeau du 20e arrondissement.
Je vous remercie.