En ces temps d’austérité imposés par l’Etat, en ces temps de coupes rases dans la dépense publique, en ces temps d’économies forcées pour compenser les mauvais choix du Mozart de la finance… il est rare de voir des salariés de la fonction publique saluer leur augmentation de salaire. C’est pourtant le cas des professionnels de la petite enfance.
La Ville a en effet décidé d’accéder à la revendication de l’intersyndicale d’une prime de 150€ net pour les agents de la petite enfance dans nos établissements mais aussi pour les assistantes maternelles des crèches familiales.
C’est tous les personnels qui vont être concernés et bénéficier de cette augmentation via leur IFSE socle.
C’est le résultat de divers mouvements : le mouvement social, mouvement de grève réunissant la FSU, le Supap-FSU, FO, l’UNSA, la CFTC, l’UCP. C’est aussi le résultat de nos adjoints Patrick Bloche, Olivia Polski et Céline Hervieu.
Aux 100€ qui ont été jugés au niveau national, les négociations avec la Ville ont permis d’arriver à cette jauge de 150€ net mensuel. Il était temps car la situation de la profession était inquiétante, du fait de la faible attractivité du métier.
Pourtant l’accueil de la petite-enfance est essentielle tant pour le bon développement des enfants que pour l’organisation de leurs parents, ce qui bénéficie in fine à toute la société. Seulement voilà, l’austérité et le manque de reconnaissance salariale depuis plus de 10 ans ont fragilisé cette profession. En avril 2022, la CNAF avait ainsi calculé que près de 9000 postes auprès des jeunes enfants étaient durablement vacants ou non remplacés en crèche.
En 2023 l’inspection générale pointait notamment dans son enquête des problèmes structurels et notamment la faiblesse du taux d’encadrement. Par ailleurs d’ici à 2030 les chiffres sont forts, près de 40% des assistantes maternelles sont à priori vouées à partir à la retraite. Il y a donc bien urgence pour rendre ces métiers attractifs et via la reconnaissance salariale et l’amélioration des conditions de travail.
C’était notamment le but de notre amendement budgétaire en décembre 2022, visant à financer des formations d’auxiliaire de puériculture en apprentissage. Les 100€ d’augmentation sont le fruit de l’Etat, qui a prévu une revalorisation de 150€ net dans le privé associatif et 100€ net dans le public. Cette partie sera financée en partie par la branche famille de la sécurité sociale qui couvrira les 2 tiers et le tiers restant sera à la charge des gestionnaires.
Mais pour le secteur public la décision du gouvernement est soumise au bon vouloir ou au bon pouvoir des collectivités territoriales. Quand on connaît le niveau de retrait de l’Etat, le sous-financement structurel et les dettes accumulées par l’Etat envers les collectivités on ne peut que s’inquiéter des inégalités territoriales à venir.
Pour Paris, les négociations ont été au rendez-vous des attentes des agents. Cependant, nous n’oublions pas notre revendication première : l’augmentation du point d’indice pour toute la fonction publique. Nous aurions préféré une prime Ségur qui cotise à la retraite ou que tous les personnels techniques comme les ATEPE bénéficient de la revalorisation. Globalement, la Ville fait un effort remarquable, à même de compenser en partie la dégradation passée de l’attractivité du métier.
Vous connaissez la célèbre phrase de Maurice Thorez « il faut savoir terminer une grève pour mieux commencer la suivante », souvent à droite on oublie la deuxième partie, allez comprendre pourquoi.
Après une avancée sur les salaires, nous pensons que nous pourrions améliorer le dispositif de l’école des métiers de la petite enfance, nous proposerions bien qu’elle soit ouverte à des personnels en recherche d’emploi et non pas seulement à des agents. Ceci est une piste parmi d’autres, Je vous remercie.