Monsieur le Maire, mes chers collègues, en matière de réchauffement climatique, les nouvelles sont mauvaises. Les prédictions, pourtant déjà pessimistes du G.I.E.C., s’avèrent en fait ne pas l’être assez. Les dernières modélisations montrent en effet que le réchauffement devrait se chiffrer à une augmentation de 2,3 à 4,5 degrés, bien au-delà des objectifs de la C.O.P. 21.
Il y a urgence, la maison brûle.
Principal responsable, nous le savons, l’activité humaine et son utilisation de l’énergie, et dans la consommation énergétique, celle en particulier utilisée pour les déplacements occupe une place importante. Il faut faire feu de tout bois, si vous me permettez, pour décarboner notre consommation énergétique. Il n’y aura probablement pas de solutions uniques et miraculeuses à court terme, mais il est raisonnable d’essayer tous azimuts au vu de l’urgence. L’hydrogène a un triple avantage.
Le premier, c’est que c’est une source d’énergie décarbonée.
Deuxième avantage, il est aussi intéressant sur l’enjeu sanitaire de la pollution atmosphérique, puisqu’il rejette de l’eau.
Troisième avantage, il pourrait aussi être produit à partir des énergies renouvelables, dont la grande tare est leur intermittence. Une énergie décarbonée, qui ne pollue pas l’air, on peut comprendre tout son intérêt, en particulier pour Paris.
Non seulement notre ville vise à décarboner sa consommation d’énergie et à apporter sa pierre à la lutte contre le réchauffement climatique, mais notre ville est engagée de longue date contre la pollution atmosphérique, et l’hydrogène donc lutte contre les deux. Comme toute innovation, le développement de cette énergie n’est pas sans poser un certain nombre de questions. L’hydrogène n’est pas vraiment présent naturellement sur notre planète, comme le pétrole, le charbon ou le gaz, il doit être synthétisé. Or, sa synthèse consomme de l’énergie, en général électrique. Si l’énergie électrique qui sert à le synthétiser est décarbonée, comme elle l’est en France, cet hydrogène participe évidemment de la lutte contre le réchauffement climatique.
Mais ne nous leurrons pas, cette technologie n’est pas récente et n’est pas sans poser des difficultés qu’il reste à résoudre. Personne n’est dupe. Cependant, les grandes entreprises publiques et privées commencent déjà à se positionner pour la maîtrise et la promotion de leur savoir-faire en la matière, dont certains partenaires industriels de la station dont il est question dans ce projet de délibération. S’il est évidemment utile de soutenir le développement d’initiatives privées allant dans le sens de la neutralité carbone, vous le savez, les communistes sont attachés à une maîtrise publique de l’énergie. Cela ne vous surprendra donc pas, nous plaidons pour le développement d’un savoir-faire public et national sur l’hydrogène, permettant un contrôle citoyen des usages et de l’utilisation de cette énergie.
Le climat est un bien commun. Il ne peut pas être livré aux seuls intérêts des actionnaires, ou du moins, à leur seul appât du gain. Ou si vous préférez, on ne peut pas laisser la lutte pour le climat à la seule question de la rentabilité ou non pour les actionnaires.
C’est pourquoi nous estimons que la Ville de Paris a tout intérêt à s’impliquer dans le développement d’une filière publique de l’hydrogène. La lutte contre le réchauffement climatique ne pourra se mener que par une volonté forte de soutenir l’innovation et la recherche publique.
Vous l’aurez compris, nous voterons favorablement sur ce projet de délibération, car il participe au développement d’une énergie d’avenir. Nous regrettons, en revanche, qu’il s’agisse à ce stade d’un simple soutien à des initiatives privées ou aux entreprises fournissant du combustible. L’ouverture d’une station hydrogène à Paris, telle que permise par ce projet de délibération, est le premier étage de la fusée qui permettra, dans un premier temps, de développer la flotte de taxis parisiens circulant à l’hydrogène, 600 de mémoire. Cela nous invite à réfléchir à l’utilisation de l’hydrogène de manière plus large, dans notre stratégie de mobilité. A Montpellier, par exemple, sous l’impulsion des communistes, est prévue la mise en place de bus à hydrogène. C’est une démarche que nous pourrions étudier sur Paris.
Nous voterons donc pour ce projet de délibération, à ces nuances près, et nous espérons que la Ville de Paris poursuivra dans cette voie pour se saisir des opportunités ouvertes par cette énergie potentiellement d’avenir.
Je vous remercie.