Communistes Paris

Sortir de la crise, changer de système

Le Pari.s de l’humain

« Finalement, l’après-guerre sera pire que l’avant-guerre »

Madame la Maire, Monsieur le Préfet, mes chers collègues,

Comme Fatoumata KONÉ et Rémi FÉRAUD, je pense que nous sommes dans un contexte tout à fait particulier pour analyser ce budget supplémentaire. Évidemment, la crise sociale inédite que nous connaissons, crise économique, crise environnementale, crise sanitaire, et je rajouterai aussi une crise démocratique puisque nous avons vu, avec ces élections municipales, pour la première fois, une abstention méconnue par le passé pour ce type d’élection.

Et donc, dans cette crise que nous vivons, nous pensons, nous, élus communistes, qu’évidemment il va falloir changer de cap. Changer de cap et, comme l’a dit Fatoumata KONÉ, les enjeux environnementaux l’exigent, mais les enjeux sociaux aussi l’exigent, vu le nombre de personnes qui aujourd’hui se retrouvent sans emploi, sans perspective, l’aggravation des inégalités sociales et l’aggravation de la précarité.

Mais, depuis des semaines, les entreprises annoncent des plans de licenciements massifs, des départs en retraite anticipés, des soi-disant départs volontaires. Alors, je ne parle pas ici des P.M.E., des T.P.E., des commerces ou des artisans, qui sont les premières victimes de la crise, mais bien des grandes entreprises, celles qui, depuis des années, bénéficient de dégrèvements fiscaux, d’allégements de cotisations, dettes du CICE ou de crédits de recherche.

Car, mes chers collègues, pendant cette crise, la fête continue pour certains. Les porteurs de parts d’Aventis, par exemple, ne souffrent en rien de la crise qui touche les salariés et les chômeurs. "Nous étions en guerre contre le Covid", disait le Président MACRON, "et l’après-guerre aurait dû nous faire réfléchir au monde d’après, aux jours meilleurs, comme le dessinait le Conseil national de la résistance". Rien de tout cela, et le Gouvernement CASTEX, comme celui d’Édouard PHILIPPE, n’a pas changé la trajectoire. Il n’y aura pas plus de solidarité. Il n’y aura pas de remise en cause de la réforme du chômage ni de la réforme des retraites. Il n’y aura pas de remise en cause de la contractualisation avec les collectivités territoriales. Il n’y aura pas de rétablissement de l’I.S.F. En revanche, c’est aux Français de payer les aides aux entreprises et leurs allégements de cotisations fiscales, alors que ces mêmes entreprises licencient à tour de bras. Même l’obligation de porter des masques, après nous avoir tant dit que cela ne servait à rien, est à la charge des Français et des collectivités.

Finalement, l’après-guerre sera pire que l’avant-guerre. L’Etat a laissé les collectivités locales bien seules face au coût de cette crise. Le Gouvernement nous accorde une aumône de 17 millions d’euros, qui ne couvre que très partiellement ces dépenses, alors que, dans le même temps, il continue à baisser les dotations et ponctionne les comptes de la Ville de Paris pour renforcer la péréquation horizontale. Nous devons le dire et le redire : pour la première fois dans l’histoire de notre Ville, les dotations sont plus faibles que l’effort de péréquation de Paris.

Alors, jusqu’où iront-ils ? Le nouveau Premier Ministre n’a eu de cesse de parler de ce nouvel acte de la décentralisation. S’il ressemble aux précédents, il y a fort à parier que l’Etat continuera à transférer les charges sans compensation, sans possibilité de recettes nouvelles, dynamique pour les collectivités. La contractualisation voulue par le Gouvernement nous contraint un peu plus, sans nous garantir une dynamique des recettes et une autonomie de la fiscalité. C’est un marché de dupe : je vous supprime la taxe d’habitation et je vous la remplace par une dotation qui se réduira année après année. Il en sera de cette compensation comme de celle du R.S.A, de l’APA et de la P.C.H., qui font peser sur le contribuable parisien un effort de solidarité nationale.

C’est tout le sens, Madame la Maire, du vœu que nous vous présentons, qui rappelle que l’Etat nous doit 4 milliards d’euros depuis 2005. Pour le R.S.A., il ne compense qu’à la hauteur du tiers de la dépense. Le nombre de demandes d’allocataires du R.S.A. a augmenté énormément depuis quelques semaines. Ce sont 25 millions d’euros supplémentaires que nous mobilisons dans ce budget supplémentaire, et ce n’est pas fini. Il y a fort à parier que notre budget 2021 voit cette ligne exploser. Je rappelle ici que l’Etat nous laisse bien seuls face à l’explosion des dépenses dans la prise en charge aussi des réfugiés et des mineurs non accompagnés. Il y aura, d’ailleurs, un débat autour de plusieurs vœux dans notre Conseil.

Fidèle à sa tradition humaniste, Paris répond présent. Mais où sont les mesures exceptionnelles qui devraient être prises par l’Etat ? Alors, oui, mes chers collègues, Monsieur ALPHAND, nous proposons des taxes. Oui, nous proposons à notre niveau que Paris puisse faire payer ceux qui continuent de s’enrichir à Paris, alors que la masse des habitants de notre ville est en souffrance. Lutter contre la spéculation immobilière à Paris participe de la lutte contre les inégalités. Taxer les bureaux, les appartements vides, taxer ceux qui mettent leur appartement sur des sites de location saisonnière plutôt que les remettre en location normale, c’est de la justice sociale. C’est tout le sens de notre amendement rattaché au budget supplémentaire, et cela permet de dire et d’agir pour que Paris ne soit pas une vaste plateforme touristique, un centre d’affaires ou une zone commerciale.

Nous devons permettre à toutes et à tous de vivre et de travailler à Paris. Notre politique du logement va de pair avec la politique d’aide à la relocalisation de la production, à la valorisation des circuits courts, à l’investissement dans la construction d’équipements publics et à l’aide à la transition écologique. C’est cette ville que nous voulons continuer de construire et c’est le projet qui nous amène à participer à cette nouvelle majorité : une ville qui marche sur ses deux jambes, celle de la nécessaire solidarité envers les Parisiens les plus modestes et celle qui innove en continuant sur sa lancée de renforcer une dynamique de l’emploi, de la création et de la production. Sans cette volonté de l’Etat de nous accompagner dans une grande réforme de la fiscalité locale qui nous redonne des marges de manœuvre, Paris aura du mal à affronter les défis sociaux et environnementaux qui sont devant nous.

Madame la Maire, nous avons supporté par deux fois, à l’initiative de mon groupe, des pistes de réflexion pour une réforme fiscale. Reprenons cette initiative des assises de la fiscalité. Il me semble que c’est aussi l’un des éléments avancés par les maires de gauche et écologistes réunis à Tours il y a quelques jours.

Pour conclure, comment pourrons-nous construire le monde d’après si nous n’avons pas pour objectif une société plus juste et égalitaire ? Comment pourrons-nous faire sans des services publics renforcés ? Le secteur de la santé est un brillant exemple. Le Ségur, comme nous le craignions, a accouché d’une souris. L’aumône octroyée aux soignants ne s’est pas accompagnée d’une grande réforme hospitalière, que tout le monde attendait.

Nous redemandons, Madame la Maire, un moratoire sur les restructurations pour stopper la vente à la découpe du patrimoine de l’A.P.-H.P. Nous serons vigilants pour que le sort réservé à l’Hôtel-Dieu et au Val-de-Grâce n’accélère pas le démantèlement de l’offre médicale, mais plutôt le renforce. C’est bien le périmètre du service public qui doit changer et être élargi, car il permet, en cas de crise grave, de protéger les Parisiens. Le libéralisme, la mise en concurrence systématique a montré ses limites. Nous le savions, nous l’avons dénoncé et nous sommes ravis que d’autres l’aient enfin compris. N’oublions jamais qu’à la suite de la crise de 1929, un président américain qui n’était pas un bolchevique, Roosevelt, avait créé une tranche d’imposition qui allait jusqu’à 95 % des revenus les plus élevés.

Si nous voulons que notre pays sorte durablement de la crise, si nous voulons que les collectivités continuent à jouer leur rôle de bouclier social, si nous voulons que la planète puisse être viable pour nos enfants, il faut changer de système. Alors, Madame la Maire, mes chers collègues, chaque coin enfoncé dans la porte du système injuste et inégalitaire est un appui pour aller plus loin dans la remise en cause de ce système. Sachez compter, mes chers collègues, Madame la Maire, sur le groupe Communiste et Citoyen qui sera la masse qui frappera sur ce coin jusqu’à ce que le bois de ce système capitaliste inégalitaire éclate en morceaux. Je vous remercie.

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