Merci, Madame la Maire.
Mes chers collègues, tout d’abord, je souhaiterais, en ce Conseil de rentrée, avoir une pensée pour l’ensemble des victimes du Covid, de leurs familles mais aussi pour l’ensemble des salariés du service public, ceux de la Ville, qui nous permettent aujourd’hui de nous réunir, mais aussi pour ceux de la santé, ceux de l’éducation, ceux de la propreté, enfin pour tous les services publics qui sont essentiels et ceux qu’on doit soutenir, comme le disait si bien le Président de la République, quoi qu’il en coûte.
Voilà donc un mois que les élèves parisiens ont fait leur rentrée, une rentrée très attendue mais très anxiogène, car une rentrée sur fond de pandémie inédite avec une deuxième vague dont on ne connaît pas encore l’ampleur. Un mois durant lequel le sentiment du temps suspendu n’a cessé de ponctuer notre quotidien, suspendu aux annonces d’un Gouvernement qui navigue à vue, suspendu à une épidémie qui reprend de plus belle, suspendu à une crise économique et sociale qui décroche de nombreuses personnes, avec des suppressions d’emplois par milliers.
Notre collectivité n’est évidemment pas restée les bras croisés. Face aux approximations et injonctions contradictoires du Gouvernement, notre Ville a fait preuve d’un volontarisme sans faille sur les fronts de la sécurité sanitaire et de la continuité pédagogique. Nous avons su répondre aux impératifs sanitaires et scolaires pour un retour à l’école dans un contexte inédit en mobilisant les agents de la Ville, en permettant le dédoublement des classes, en assurant le nettoyage et la désinfection des lieux. L’exemple de la gestion des masques est à cet égard édifiant. Notre collectivité a su être extrêmement réactive, dès le début de la pandémie, grâce à son stock pour les personnels de santé, du périscolaire, des crèches et même pour les habitants.
Aujourd’hui, alors que la circulation du virus est en hausse constante, la question de la gratuité des masques se pose toujours. C’est ce que nous exprimons dans notre voeu qui réaffirme ici que si le port du masque est considéré à juste titre comme une protection face à l’épidémie, il doit être gratuit et non considéré comme une simple fourniture scolaire. Il est inacceptable que son coût soit supporté par les familles et en particulier les plus modestes d’entre elles. Au-delà de cette question, il est urgent que l’Etat fournisse des masques chirurgicaux à l’ensemble des enseignants, en lieu et place des masques en tissu. Il est en effet aujourd’hui avéré que ces masques distribués par l’Education nationale ne protègent pas suffisamment les personnels en présence d’élèves non masqués. C’est d’ailleurs une revendication des représentants du personnel de l’Education nationale, des enseignants qui revendiquent également à juste titre la généralisation des masques transparents, permettant aux élèves de lire sur leurs lèvres. Vous l’avez dit, Madame la Maire, c’est essentiel pour les élèves en situation de handicap, mais également pour tous les élèves qui sont dans l’apprentissage des fondamentaux que sont la parole et la lecture.
Il est tout aussi urgent, Madame la Maire, que l’Etat rembourse la Ville de Paris des frais occasionnés par la distribution gratuite de masques depuis le début de cette crise. Compte tenu de la séquence budgétaire qui s’annonce incertaine et difficile, ce remboursement est indispensable pour que notre Ville puisse engager des investissements durables et garantir des grands services publics de proximité et de qualité.
Au regard du pic épidémique de ces derniers jours, les gestes barrières sont indispensables. Minimiser les chiffres, changer les protocoles sporadiquement ne règle rien. Nous l’avons déjà dit et nous le redisons, face à une telle crise, les services publics sont des piliers essentiels et doivent être valorisés, consolidés, développés dès le premier jour de l’après. Or, le plan de relance présenté début septembre les a sciemment mis de côté. Côté A.P.-H.P., le Ségur de la santé s’est conclu par un échec cuisant et on assiste à des démissions et une fuite des professionnels vers le privé. Aujourd’hui, on manque clairement de bras à l’hôpital comme à l’école et on entend dire d’ailleurs que ces personnels ne pourront pas prendre de congé pour les vacances de la Toussaint, ce qui nous paraît improbable.
Aujourd’hui, le Président de la République préfère nous parler de séparatisme, le Ministre de l’Education du degré d’acceptabilité des décolletés des jeunes filles ou encore du retour de l’uniforme, qui n’a pourtant jamais existé en France, le tout au nom de l’égalité républicaine. Or, l’urgence et les sujets sérieux sont bien ailleurs. L’urgence est la consolidation du service public, quoiqu’il en coûte, en revalorisant les salaires des fonctionnaires, en créant des postes supplémentaires, en renforçant leur formation, en réduisant le nombre d’élèves par classe, et aussi, je le rappelle, pour l’égalité républicaine, c’est permettre la mixité à l’école, et c’est aussi le sens de notre amendement que présentera mon collègue Jean-Noël AQUA.
Face à ces défaillances, face à l’accroissement des inégalités scolaires et sociales provoquées par la crise, la Ville de Paris a su s’ériger en véritable bouclier social. Face au décrochage, face aux inégalités croissantes, la Ville a oeuvré dans le cadre de son champ de compétences à la continuité pédagogique, et c’est là l’essentiel. Paris territoire éducatif a su tenir ses engagements par le maintien des différents outils linguistiques, artistiques,
scientifiques, sportifs et en particulier numériques pour les familles les plus en difficulté, et je salue au passage les professeurs de la Ville de Paris qui interviennent chaque jour dans nos écoles.
Voilà, Madame la Maire, mes chers collègues, à quoi devrait rassembler le "quoi qu’il en coûte". Oui, la santé et l’éducation n’ont pas de prix à l’aune de la période qui s’ouvre. Aujourd’hui, bien plus encore avec cette crise qui sonne l’alarme, l’heure est au déploiement d’un investissement public massif pour répondre aux urgences sociales, sanitaires, économiques et environnementales.
Je vous remercie.