Monsieur le Maire.
Je souhaite intervenir au sujet de la situation très alarmante des jeunes que ma collègue Camille NAGET rappelait hier encore. La précarité économique essentielle s’envole, 17,4 % des jeunes de moins de 25 ans vivent à Paris sous le seuil de pauvreté. Les associations nous alertent sur le fait que leur présence dans les centres d’aide alimentaire explose, celle des étudiantes et des étudiants notamment. La paupérisation dont témoignent les chiffres est terrible : 50 % déclarent ne pas manger à leur faim. 50 % ! 60 % vivent avec moins de 400 euros de ressources par mois. 75 % sont des femmes. Si la crise malmène tant les jeunes, c’est notamment en raison de la précarité des emplois que les jeunes sont trop souvent contraints d’occuper, ces petits "jobs", ces CDD, l’intérim qui est très touché par la crise, il est donc vital d’agir pour l’emploi et pour l’insertion des jeunes.
La Ville dispose de 9 points Paris Emploi et souhaite en installer un dans chaque arrondissement. Nous saluons cette démarche, mais elle doit s’inscrire dans une action de coordination avec l’ensemble des structures jeunesse parisiennes, en particulier les centres Paris Anim’.
Créons avec elles des espaces de travail partagés pour les jeunes étudiants en recherche de stage ou d’emploi, d’aide à la construction de CV, pour l’écriture de lettres de motivation, pour des bourses de stages ou des propositions d’emplois. Assurons-nous que les jeunes les plus éloignés des structures existantes puissent avoir connaissance de ce que nous proposons.
Je souhaite pour ce faire savoir quels sont les moyens d’information et de communication utilisés pour informer les jeunes par exemple sur les dispositifs de formation et d’emploi proposés par la Ville.
Enfin, veillons à ce que le terme "emploi" ne soit pas un fourre-tout vidé de son sens, toute activité n’est pas un emploi. L’emploi offre l’accès par le travail au statut, au bénéfice du droit du travail et au droit à la Sécurité sociale. Les plates-formes numériques de travail : les Uber, Stuart et autres Deliveroo qui ciblent souvent les jeunes les plus éloignés de l’emploi n’offrent pas d’emploi, mais un travail mal rémunéré sans aucune protection individuelle et collective offerte par la législation sociale.
De même et dans un autre registre, le service civique n’est pas un dispositif d’insertion professionnelle, mais du volontariat indemnisé qui s’inscrit dans une démarche d’engagement au service d’une mission d’intérêt général. Alors, le plan du Gouvernement "1 jeune, 1 solution" qui propose 1.000 services civiques supplémentaires sortira, certes, des jeunes des statistiques du chômage, mais rappelons que légalement il est interdit d’avoir recours à un service civique pour leur attribuer une mission qui pourrait être effectuée par des salariés.
Veillons alors, s’il vous plaît, à être exemplaires auprès des jeunes pour la période actuelle qui est quand même particulièrement rude.