Chers collègues,
S’il y a bien une chose que nous rappelle cette pandémie, c’est que nos établissements publics de santé sont parmi nos biens les plus précieux. Ils doivent faire l’objet de nos plus exigeantes attentions. Les logiques de gestion technocratique, déconnectées des besoins et du bien-être des usagères et des usagers, trouvent en cette période leur limite la plus absolue. Les superstructures ne peuvent plus trouver de justification rationnelle. Elles ne répondent pas à la réalité des besoins médicaux exprimés plus fortement que jamais par la population : celle d’avoir accès à des établissements de santé de proximité.
Je ne reviens pas sur la suppression de centaines de lits que le projet d’hôpital Grand Paris Nord va impliquer, à une période de tension très forte, alors justement que cette tension justifie des restrictions de plus en plus insupportables à nos libertés les plus fondamentales. Je ne reviens pas sur l’objectif de réduire de 30 % la durée moyenne d’hospitalisation, alors même que les études témoignent du fait que cela ne se justifie pas. Je ne reviens pas sur l’ambition d’un taux d’occupation des lits de 95 %, que vous me permettrez de qualifier de "complètement à côté de la plaque", surtout quand on sait qu’il va encore réduire l’admission des patientes et des patients non programmés. Tout cela en période de pandémie. Bref, on marche sur la tête.
J’entends que le projet a été pensé et conçu à un autre temps, un temps où le risque de contamination aéroportée n’était pas inscrit dans nos logiciels. Entendez alors qu’en ces temps nouveaux, il y a des projets anciens qu’il faut revoir, retravailler avec exigence et humanité. C’est pourquoi nous voulons ce moratoire sur le projet d’hôpital Grand Paris Nord. C’est pourquoi nous souhaitons un projet alternatif qui prenne en compte les besoins de proximité, si importants pour le bien-être et la qualité des soins de la population. C’est pourquoi nous vous proposons ce voeu pour sauver l’hôpital Bichat, pour soutenir une politique de santé à la hauteur des enjeux de santé présents et à venir.
Je vous remercie.