Merci, Madame la Maire.
Je tiens à saluer les trois grands axes de cette communication emploi, qui met l’accent sur la formation, le renforcement de l’accompagnement et l’exigence que la Ville s’impose dans son rôle d’employeur et en particulier dans son rôle d’employeur inclusif, notamment en matière de handicap ou d’intergénérationalité. J’ai déjà évoqué la question de la jeunesse il y a quelques minutes, je n’y reviendrai pas ici.
Le budget accordé par la Ville entend répondre à ces enjeux : 1 million d’euros de soutien à l’écosystème associatif parisien en faveur du retour à l’emploi avec l’appel à projets "Dynamique emploi" ; un peu moins de 400.000 euros de budget dédiés aux associations qui agissent dans les quartiers populaires par le renforcement de l’appel à projets "politique de la ville" ; un peu plus de 620.000 euros de soutien aux petites et micro entreprises avec le plan "Paris Réactif", qui sera d’ailleurs lancé dès le mois de décembre avec une action spécifique en direction des jeunes diplômés qui rencontrent des difficultés à entrer sur le marché du travail en raison de la crise économique et sanitaire.
Bref, on le voit dans cette communication, l’investissement de la Ville ne faiblit pas et s’inscrit dans une concertation bienvenue avec les services publics de l’emploi, l’État, la Région, Pôle Emploi et les acteurs associatifs. En parlant des acteurs associatifs, on compte 4.000 Parisiennes et Parisiens accompagnés sur 50 structures.
Deux choses cependant, pourrait-on avoir un peu plus d’information quant au suivi accordé aux personnes dont la formation se termine, par exemple sur l’accompagnement psychologique qui est proposé en marge de ces actions ?
Par ailleurs, pourrait-on avoir une liste précise ainsi qu’un bilan et une évaluation des structures et des programmes pour plus de visibilité sur le soutien de la Ville aux différents acteurs ? En matière d’emploi et de formation, justement la Ville a débloqué 1 million d’euros dans le secteur du service à la personne et 1 autre million d’euros dans le domaine de l’agriculture durable. La démarche est positive. Cependant, ce dernier secteur englobe un nombre de projets très important qui nous conduit à une certaine réserve, ou plutôt au moins à demander une certaine vigilance sur d’éventuelles pratiques de "greenwashing".
Vous nous annoncez que 50.000 Parisiennes et Parisiens pourront obtenir une formation lors de cette mandature contre 15.000 lors de la mandature précédente, c’est un beau chiffre ambitieux, mais nous serons vigilants, et je suis sûre que vous aussi, sur les perspectives d’avenir qu’offrent ces formations. Là encore, pourrions-nous avoir des bilans sur les formations existantes et les contrats proposés à la sortie ?
La Ville se fixe par ailleurs l’objectif de 2.000 apprentis et 5.000 stagiaires. Avec le confinement, la question se pose de savoir si la Ville va pouvoir offrir des alternatives aux personnes qui ne peuvent pas valider leur formation ou leur stage, est-ce que par exemple, un report des contrats est envisagé ?
Enfin, le groupe déplore l’absence de travail sur l’ubérisation dans la communication de la maire alors que le Président de la République lui-même place les livreuses et les livreurs en première ligne.
Nous avons donc déposé deux amendements, à défaut d’avoir pu déposer deux voeux. Un projet de création de maison des coursiers d’abord avec le projet de délibération DAE 225. Les platesformes de livraison de repas ciblent principalement les jeunes en difficulté d’insertion et les travailleuses et les travailleurs sans papiers, donc corvéables à merci, et la situation sanitaire aggrave tout cela. En refusant d’accepter leurs responsabilités d’employeuses, les plates-formes n’offrent même pas à leurs livreuses et leurs livreurs un abri pour se reposer et se restaurer. Ces personnes se trouvent même contraintes de demander la permission aux bars et aux restaurants dans lesquels elles se rendent, d’utiliser les commodités, voire même parfois doivent uriner dans l’espace public. Imaginez pour les femmes, la dernière hypothèse est d’autant plus cauchemardesque. D’autant plus qu’avec la crise, les restaurants refusent de plus en plus l’accès à leurs établissements, on peut le comprendre, il est question de ne pas briser le protocole sanitaire.
C’est pourquoi nous souhaiterions que la Ville de Paris apporte son soutien et subventionne le projet de la Maison des coursiers, le refuge de repos et de convivialité pour les travailleuses et travailleurs des plates-formes. Réaffirmons l’attachement de la Ville au respect du droit du travail et du droit de la Sécurité sociale par le soutien du projet de cette Maison des coursiers qui sera aussi un lieu d’information et d’accès au droit.
Pour terminer, avec le projet de délibération DAE 243, l’amendement "Acheter à Paris", les commerçantes et les commerçants parisiens sont désespérés et ressentent un véritable sentiment d’injustice. Amazon et ses comparses continuent à voir leur bénéfice augmenter au détriment des petits commerces.
La Ville de Paris peut pourtant avoir un rôle de premier plan dans la lutte contre ce phénomène, créons notre Amazon parisien respectueux du droit social et de l’environnement et au service des commerçants et des commerçantes : géolocalisation des boutiques, recensement par thématique et par produit, mise en valeur du label "fabriqué à Paris", ouverture des possibilités de livraison des entreprises vertueuses issues de l’E.S.S., nous avons d’ailleurs un projet clé en main et à mettre immédiatement à exécution pour ce faire si vous le souhaitez. C’est ce qu’on vous propose. La crise peut être l’occasion de se réapproprier l’outil de plate-forme pour faire connaître nos petits commerces aux habitantes et habitants. Servons-nous de la technologie pour favoriser les pratiques commerciales vertueuses pour l’humain et la planète. Je vous remercie.