Madame la Maire, mes chers collègues,
1.634 euros, c’est le seuil au-delà duquel il n’est plus permis à une personne porteuse de handicap de concilier vie conjugale et autonomie. C’est l’injustice par laquelle il faut choisir entre conserver l’allocation pour les adultes handicapés ou se marier avec quelqu’un qui gagne plus que cette somme. Pour des millions de Françaises et de Français porteurs de handicap, cette réalité correspond à une situation de dépendance. Ignoré des Gouvernements successifs, cet enjeu social est même cyniquement le lieu d’économies comptables. Encore en 2019, le plafond de ressources pour un allocataire en couple était réduit, avec pour conséquence l’exclusion de davantage de bénéficiaires.
Nous ne partageons pas la vision de ceux qui estiment que créer les conditions de l’autonomie, revient à générer une dépense publique. Seule la solidarité nationale peut garantir des droits individuels et inconditionnels à toutes et à tous. Maintenir les personnes porteuses de handicap dans la dépendance envers leur partenaire, c’est leur dénier le droit d’exister par elles-mêmes. C’est introduire une domination et une dépendance à l’intérieur du foyer, à l’heure où nous avons encore tant à faire à l’extérieur en termes d’accessibilité. Cet objectif doit avoir une résonance particulière dans cet hémicycle. Il y a un mois encore, nous évoquions la révision du P.L.U., avec l’horizon de promouvoir l’accueil de toutes et tous, sans distinction de genre, d’origine, de revenu ou de handicap.
Dans trois ans, Paris accueillera les Jeux Paralympiques, avec la volonté de mobiliser ses forces en faveur d’une société inclusive et accessible. S’engager vers ce cap, c’est mener en profondeur la réflexion sur les droits des personnes porteuses de handicap. C’est porter leur parole dans les institutions pour appeler à un revenu indépendant de celui du conjoint et de la conjointe. Tel est le sens du voeu que je vous présente.