Madame la Maire,
Mes chers collègues, nous nous souvenons tous de l’hommage unanime lors de la disparition de notre amie, notre collègue et notre camarade, Martine Durlach, il y a six ans déjà, et des paroles fortes et émues de Bertrand DELANOË, de Pierre LAURENT à son égard. Nous nous souvenons des mots d’Anne HIDALGO dans cet hémicycle et de François DAGNAUD, après le vote du voeu de mes camarades du 19e arrondissement, Fanny GAILLANNE et Sergio TINTI, qui demandaient qu’un lieu porte le nom de Martine Durlach. Évidemment, aussi aujourd’hui, j’ai une pensée pour Gabriel GAU, son fils, qui était élu du 19e, et Jean-François GAU, son mari.
Nous nous souvenons de cette femme qui incarnait tellement Paris avec son caractère frondeur et révolutionnaire. Martine a été Conseillère de Paris de 1989 à 2008. Elle a été adjointe au Maire de Paris de 2001 à 2008, en charge de la politique de la ville.
Martine a été une ardente défenseuse de l’unité de la gauche, et de la concrétisation de la victoire de la gauche à Paris. Je voudrais évidemment dire tout l’honneur que nous avons de lui succéder, comme grande dirigeante du Parti Communiste, de la Fédération de Paris, comme élue parisienne. Je voudrais dire que c’est un honneur pour nous de continuer son combat pour les plus démunis et pour les quartiers populaires. Je n’en dirai pas plus, parce que Camille NAGET, qui lui succède dans le 19e arrondissement, en parlera mieux que moi tout à l’heure.
Mais je voudrais évoquer un aspect particulier de Martine Durlach, qui fait écho à nos débats actuels sur le féminisme, sur la place de la femme dans l’espace public. Martine Durlach était une humaniste, mais une féministe, et lui donner le nom d’une place, c’est continuer à contribuer à ce qu’il y ait l’égalité dans l’espace public, entre le nom des hommes et des femmes. Je sais que Catherine VIEU-CHARIER y a contribué, puisque nous sommes passés aujourd’hui de 6 % à 14 % de noms de femmes. Je m’effacerai devant les paroles de Martine, lorsqu’elle présentait, il y a dix ans, son rapport "Quartiers au féminin", que lui avait commandé Bertrand DELANOË. Elle disait : "Oui, il y a des jeunes filles dans les quartiers populaires, oui, elles sont malheureusement encore parfois invisibles. L’espace public s’est construit au masculin. Les garçons l’occupent, et personne ne leur reproche. Mais ils doivent comprendre qu’ils doivent le partager.
L’enquête qui a précédé notre colloque est claire. Les filles regrettent que la plupart des espaces publics, sportifs et de loisirs ne soient pas pensés au féminin. Elles parlent de pressions, de railleries, d’exclusion. L’espace public est le symbole de la place des femmes dans notre société. Une place, oui, mais une place délimitée, une place encadrée. Les jeunes filles nous ont fait passer le message qu’il fallait bouger ce carcan, qu’il fallait faire sauter les cadres préétablis.
J’avoue que toutes ces rencontres avec les jeunes Parisiennes m’ont réconfortée. Si certains veulent nous faire croire que les revendications féministes sont en sommeil, il n’en est rien. Les mots pour les exprimer ne sont pas les mêmes que ceux de ma génération. Peu importe. Ils sont forts et pleins de couleurs. J’ai confiance dans les jeunes Parisiennes, et en particulier, celles des quartiers populaires, pour qu’enfin, l’égalité dans la loi comme dans l’espace public soit une réalité, et non plus un objectif."
Merci, Martine, pour nous avoir fait avancer, comme dirigeante communiste, comme élue parisienne, sur les idées d’égalité, de solidarité et d’émancipation.