Madame la Maire. Mes chers collègues,
A Conflans-Sainte-Honorine, le 16 octobre dernier, Samuel Paty a été assassiné, tué pour avoir exercé son métier d’enseignant et pour avoir participé à l’éveil des consciences. A Nice, ville déjà endeuillée par les attentats en 2016, trois personnes ont été tuées le 29 octobre dernier, alors qu’elles se rendaient à leur lieu de culte. A Vienne, le 2 novembre, en début de soirée, un homme a fait feu dans le centre-ville, tuant quatre personnes et faisant de nombreux blessés.
Ces victimes de la barbarie, ces femmes et ces hommes laissent derrière eux des conjoints, des amis, des enfants. C’est d’abord vers eux que vont mes pensées et celles du groupe Communiste, et nous nous associons pleinement aux condoléances que la Maire a présentées tout à l’heure à l’ensemble des familles. Ces tragiques événements rappellent aux Parisiennes et aux Parisiens de bien sombres souvenirs. Une fois de plus, la mort de Samuel Paty, c’est bien notre liberté d’expression, une liberté fondamentale de notre République, qui est touchée au coeur.
En hommage à Samuel Paty, en hommage aux dessinateurs de "Charlie Hebdo", en hommage aux victimes du Bataclan, en hommage à toutes les victimes du fanatisme religieux, portons en étendard l’accès de toutes et tous à l’émancipation humaine par le savoir et la culture. Après les attentats du 13 novembre, que nous avons commémorés il y a quelques jours, les Parisiennes et les Parisiens ont su rester unis, soudés, face au fanatisme islamiste. Sachons aujourd’hui retrouver l’humanité, l’humilité et la solidarité, que nous avions su faire vivre alors. Aucune Parisienne, aucun Parisien ne doit être stigmatisé du fait de sa religion. Chacun doit pouvoir se sentir libre de croire ou de ne pas croire. Ne sombrons pas dans les affres de la division. Je tiens d’ailleurs à exprimer solennellement ma solidarité avec l’association "L’Acort", dont les locaux ont été affublés d’un "tag" "islam = mort", ainsi que mon soutien au maire de L’Ile-Saint-Denis, Mohamed GNABALY, dont le logement a été tagué de croix gammées assorties de menaces. Je remercie également toutes celles et ceux, mes chers collègues, dont vous Mme la Maire, qui ont condamné fermement l’insulte faite aux Communistes, par un "tag" "collabo" inscrit sur le siège du Parti Communiste, fin octobre.
En ce terrible moment où certains veulent que s’installent la terreur et le chaos, nous ne devons pas céder à la peur, à la haine de l’autre, au risque de laisser gagner les terroristes. Alors que la pensée rationnelle est mise à mal au plus haut niveau, nous devons, à l’inverse, promouvoir la culture de paix. Les grandes puissances devraient peser dans ce sens et cesser l’hypocrisie qui consiste à dire qu’elles soutiennent la paix, tout en armant des groupes ou des gouvernements, comme c’est le cas actuellement en Arabie Saoudite, qui fait la guerre au Yémen. En France, plaidons pour une véritable reconquête républicaine, seule voie pour préserver l’unité de la nation. Les gouvernements successifs ont affaibli la présence de l’Etat sur notre territoire par la fermeture de nombreux services publics. Face au délitement de la cohésion sociale, toutes les politiques publiques, qui participent à la socialisation, à la réduction des inégalités, comme l’éducation, l’emploi, la vie associative, la jeunesse, le sport, la politique de la ville ou encore la culture, doivent être renforcées. Les enseignants doivent simplement disposer des moyens nécessaires pour permettre à tous les élèves de pouvoir s’instruire et s’émanciper. La prévention de la délinquance, l’insertion professionnelle devront trouver toute leur place et les moyens nécessaires dans le mandat qui est devant nous.
Madame la Maire, la Ville de Paris a pérennisé l’appel à projet, "Citoyenneté, laïcité et valeurs de la République", initié suite aux attentats visant le journal de "Charlie Hebdo".
Depuis 2015, nous permettons aux associations de conforter l’action engagée en matière de prévention, de lutte contre les discriminations, et de lutte contre le cyber-harcèlement. Ces actions doivent se poursuivre et s’amplifier. C’est un travail de fourmi qui s’inscrit dans la durée, et nous lutterons pied à pied contre les racines du fondamentalisme, de la radicalisation. C’est un travail long et patient qui replace l’humain au centre des préoccupations. C’est le le sens du travail mené par Samuel Paty. Sa mort nous oblige à poursuivre son combat.
Je vous remercie.
