Communistes Paris

Crise sanitaire - Education

Le Pari.s de l’humain

Madame la Maire,

L’Education nationale a été mise à rude épreuve ces derniers mois. Les enseignants et enseignantes, les personnels d’éducation sont en première ligne et je veux les saluer ici. Ils et elles sont en première ligne pour assurer une éducation de qualité en pleine crise sanitaire, avec un Ministre incapable de prévoir des protocoles qui tiennent la route, avec un Ministre incapable d’organiser des tests ou la fourniture de masques à ses agents.

En tout cas, quand il le fait, ils sont nocifs. Mais les enseignants et enseignantes sont aussi en première ligne quand il s’agit de diffuser et construire les valeurs de la République.

L’attentat sur Samuel Paty l’a démontré avec brutalité : les enseignants sont des acteurs essentiels de notre modèle républicain. La responsabilité du politique est de leur permettre d’assurer leur mission dans de bonnes conditions. Là encore, le Ministre n’est pas à la hauteur de la situation. Avec son rétropédalage sur l’hommage à Samuel Paty ou encore avec sa volonté constante de ne pas faire de vagues, M. BLANQUER laisse les enseignants face à eux-mêmes.

Ceci étant dit, nous devons agir. Nous demandons quelques mesures concrètes et immédiates pour répondre à la situation dans les écoles et collèges.

Tout d’abord, je veux revenir sur le manque de personnels enseignants. Comment respecter la distanciation physique dans les collèges avec des classes à plus de 30 élèves ? C’est impossible. Nous devons réduire le nombre d’élèves par classe. Ce serait bon contre le Covid. Ce serait bon pour la pédagogie. Nous ne cessons de le demander depuis des décennies. Si ce n’est pas pour la pédagogie, faisons-le au moins pour le Covid. Ce serait tout à fait possible immédiatement en ouvrant la liste complémentaire ou en recourant aux candidats admissibles. Nous demandons que l’Etat s’engage rapidement dans cette direction. J’ai écouté Jean CASTEX affirmer qu’il avait choyé les enseignants, révélant un sens de l’humour tout personnel. Aujourd’hui, les enseignants ne veulent plus de mots, ils et elles veulent des moyens pour exercer leur métier. Nous voudrions que la Ville demande fortement l’embauche de nouveaux personnels à rebours des 1.800 suppressions de postes annoncées pour l’an prochain. Quand on parle de personnels, ce sont aussi les personnels d’encadrement (C.P.E., A.E.D., etc.) Tout à côté de notre Conseil, le lycée municipal Pierre Lescot est à nouveau le lieu de violences inacceptables et le manque d’adultes est manifeste. Cette situation déplorable découle directement de choix politiques passés. Décidément, l’austérité nuit gravement au climat d’éducation. Au lieu d’investir dans l’éducation, l’Etat cherche à réduire les coûts, quoi qu’il en coûte humainement. C’est aussi le cas avec sa volonté de territorialiser l’éducation dans son projet visant à basculer des activités sur les communes. Nous voulons des postes enseignants pour éviter le recours du périscolaire sur le temps scolaire.

Nous le redisons ici, l’Etat chez lui, la Ville chez elle. Bien sûr, tout n’est pas du ressort de l’Etat et le manque de temps ne me permet pas de détailler toutes les actions positives que notre Ville entreprend pour atténuer la crise sanitaire et sociale dans les écoles.

Il y a un point où nous pourrions aller plus loin, c’est le recrutement d’agents d’entretien supplémentaires, ô combien nécessaires avec les protocoles sanitaires. Nous demandons donc des embauches massives et sous statut pour répondre aux besoins colossaux qui apparaissent dans la période, et pas des CDD précarisés ou sous-traités. Nous pourrions décliner dans nos écoles les ambitions de notre communication emploi, par exemple.

Enfin, et c’est peut-être un détail, mais le fait qu’il ait été supprimé de notre voeu m’inquiète. Je voudrais parler du chauffage dans nos écoles. Avec la nécessité d’ouvrir en grand les fenêtres pour le Covid et l’hiver qui se profile, les enseignants risquent de devoir choisir entre le respect du protocole d’un côté et le froid de l’autre. Nous ne pouvons pas les laisser face à ce choix et nous demandons à prévoir une augmentation des budgets de chauffage des écoles pour cette année si particulière. Des moyens donnés aux écoles publiques à ceux donnés aux écoles privées, il n’y a qu’un pas que je franchis en abordant le projet de délibération DASCO 45 fixant le forfait versé aux écoles maternelles et élémentaires. C’est là un point de discorde profond avec notre majorité.

Nous voterons doublement contre ce projet de délibération.

La première raison est structurelle. En effet, avant la loi Blanquer, la scolarisation était obligatoire à 6 ans. En passant à 3 ans, et à cause de la loi Debré qui nous oblige à verser la même somme aux écoles publiques et privées, voilà nos communes obligées de payer les écoles maternelles privées, et ceci pour un bénéfice nul sur Paris. Nous parlons de la coquette somme de 7 millions d’euros. Sept millions d’euros qui tombent du ciel, si je puis me permettre, et pour être un peu plus païen, je dirai que c’est le Père Noël qui passe par ces écoles privées. Sept millions d’euros, la cagnotte à Jean-Michel. Vous pouvez être fiers sur les bancs de la LREM, vous parlez de lutte contre les séparatismes, mais vous favorisez le séparatisme scolaire, l’école de l’entre-soi. Vous parlez des valeurs de la République, mais vous favorisez la ségrégation sociale. Car nous le répétons, Paris est l’Académie la plus ségréguée de France et le privé contribue pour moitié à cette ségrégation. En favorisant le privé à Paris, vous favorisez la ségrégation. Tout un symbole de la duplicité de la présidence Macron. Mais nous allons doublement voter contre ce projet de délibération car un cadeau peut en cacher un autre. En plus du cadeau pour les maternelles privées, la Ville ne veut pas faire de jaloux visiblement et verse un gros bonus aux écoles élémentaires privées, élémentaires et pas maternelles. Le forfait éducatif passe de 827 euros cette année à 954 euros par élève par an. C’est 127 euros d’augmentation par élève, soit 15 % d’augmentation. C’est Noël en novembre ? Quelle justification à ce cadeau ? Nous n’avons toujours pas de réponses sur ce point qui est loin d’être un point négligeable. Nous les attendons toujours.

En attendant, nous avons déposé un amendement en séance pour limiter l’augmentation du forfait au privé à l’inflation, soit 835 euros, pour limiter cette augmentation qui est inacceptable. Et visiblement cet amendement a l’air de faire débat au sein de notre majorité. Je pense qu’il serait de bon ton aujourd’hui de retirer ce projet de délibération ou de voter cet amendement.

Enfin, je voudrais dire quelques mots sur le DFPE DASCO 108. Des associations que nous finançons via ce projet de délibération font vivre concrètement le lien entre les écoles et les familles par du soutien scolaire, par des animations, par des espaces familles, par des actions luttant contre le sexisme ou contre le harcèlement, par des sensibilisations au numérique ou aux "fake news", etc. Par ce travail constant au plus près des populations, par ce travail en direction des plus fragiles, les associations concernées font vivre la solidarité et la fraternité, les valeurs essentielles de notre République. Je voudrais à ce titre dire quelques mots sur la subvention à l’association "L’Assemblée citoyenne des originaires de Turquie" pour son travail de médiation scolaire. Cette association est connue depuis quarante ans pour son travail en faveur de l’égalité femmes-hommes, contre le fondamentalisme islamiste dans les quartiers populaires et pour la citoyenneté et la lutte contre les discriminations. Ses locaux ont été vandalisés sur fond de la lame de fond de la haine attisée par beaucoup, c’est inacceptable. Certains s’émeuvent de propos des membres de cette association, c’est leur droit, c’est la liberté d’expression. Mais cette liberté d’expression est aussi valable pour les membres des associations, même si nous n’adhérons pas à ce qu’ils et elles disent. Ce n’est pas l’association mais un projet de médiation école famille. Avec ce projet de délibération, nous soutenons le travail de jonction entre une institution républicaine, l’école, et les foyers familiaux. C’est aussi avec ce genre d’action que l’on lutte pour la cohésion républicaine en connectant l’école, le commun avec la maison et le particulier.

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