Communistes Paris

Attribution de la dénomination Bessie Smith au Centre "Paris Anim’" situé 19, rue Antoine-Julien Hénard (12e)

Le Pari.s de l’humain

Madame la Maire, mes chers collègues,

Oui, je l’avoue, je suis très heureuse que ma première intervention dans ce Conseil soit pour saluer la décision du Conseil du 12e arrondissement, qui répond à la votation citoyenne des usagers du centre "Paris Anim’", rue Antoine-Julien Hénard, pour que leur équipement porte le nom de Bessie Smith, cette femme exceptionnelle, dont la vie est tout le symbole de la dure réalité de la vie des Afro-Américains au sud des Etats-Unis.

Née en 1894, 30 ans après la fin officielle de l’esclavage, n’oublions pas qu’il faudra attendre 70 ans pour que s’impose enfin le principe d’égalité, suite à l’immense Marche pour les droits civiques organisée par Martin Luther King. Bessie a vécu dans ces années grises où la séparation entre les noirs et les blancs reste visible : transports, hôpitaux, écoles, lieux de concerts sont ségrégués. Les noirs américains vivent au quotidien humiliations et brimades quand ce ne sont pas les lynchages organisés par le Ku Klux Klan. Dans les Etats du Sud, la musique et le sport sont deux moyens de sortir de sa condition.

Orpheline à 9 ans, Bessie va chanter de cette voix rauque et chaude le blues, la vie des lavandières, des prisonniers, des victimes des inondations ou du mal-logement. Ce sont les thèmes de ses chansons. Ces dernières font aussi écho à une liberté naissante, car, parce que noires et femmes, les Afro-Américaines étant doublement discriminées, noires pour les blancs et femmes pour leurs congénères, les airs de Bessie sont un souffle de liberté.

Sa vie sera pendant près de 20 ans celle d’une voyageuse sans bagages, d’une femme qui parlera de l’amour sous toutes ses formes, une femme libre vue comme sulfureuse. Les "blueswomen", comme le décrit dans un livre Angela DAVIS, bousculent les stéréotypes de la femme noire élevant les enfants et n’ayant comme distraction que le service du dimanche. "Le blues des femmes suggère une rébellion féministe émergente dans la mesure où il nomme sans ambiguïté le problème de la violence masculine", écrit la philosophe communiste.

Son influence musicale sera suivie de celle de Billie Holiday et de Sarah Vaughan, de Nina Simone et de Janis Joplin qui choisira de citer Bessie Smith dans son épitaphe. Norah JONES et Patricia KAAS lui dédicaceront une chanson.

En ces jours, aux Etats-Unis, où le mouvement "Black lives Matter" prend une ampleur inégalée, Paris peut s’enorgueillir qu’un de ses équipements municipaux porte le nom de Bessie Smith.

Je vous remercie

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