Depuis de trop longues années, la consommation de drogues, de crack en particulier, dans l’espace public s’enlise dans le Nord-Est Parisien dans un sentiment d’indifférence généralisée des plus hautes autorités. La cohabitation forcée entre usager·ère·s de drogues, riverain·e·s et commerçant·e·s s’envenime de jour en jour et le climat d’exaspération grandit du côté de ces dernier·ère·s après l’évacuation de la colline du crack en 2018 faite n’importe comment et qui a anéanti le travail de tous les acteurs sanitaires et sociaux. La récente concentration des usager·ère·s de drogue dans les jardins d’Éole (19e) porte une énième atteinte à la population locale, épuisée qu’aucune solution durable ne soit apportée.
Habitant.e.s, associations, professionnel·le·s du secteur médico-social, élu·e·s, nous n’attendons pas des autorités publiques qu’elles déplacent ou cantonnent géographiquement le problème.
Nous exigeons la mise en place d’une politique publique d’ampleur qui soit sanitaire, sociale et répressive envers le trafic. Il est urgent d’apporter des réponses de santé publique aux conditions sociales et sanitaires à ces personnes en situation de très grande précarité dont l’errance doit prendre fin. C’est cette perception du problème que les élu·e·s communistes ont porté dès 2008 aux côtés d’Alain Lhostis, alors adjoint à la Maire en charge de la santé à la Ville de Paris. Au terme d’années de débats, de procédures et de difficultés, ce combat s’est traduit par l’inauguration en 2016 de la salle de consommation à moindre risque (SCMR) du 10ème arrondissement. Les premiers bilans de cette SCMR sont encourageants : les consultations médicales et sociales proposées sont très sollicitées par les usager·ère·s et elles ont considérablement participé à rétablir la tranquillité publique.
Une réponse qui reste cependant insuffisante au regard de la situation et des publics présents à Stalingrad et dans le Nord Est Parisien. Là où nos voisins européens ont pensé des solutions innovantes pour lutter contre le fléau du crack, l’Etat français est resté silencieux et impuissant. Nous devons tirer les conséquences du manque d’engagement des partenaires de la Ville de Paris dans le « Plan crack 2019-2021 », au premier rang desquels l’Agence régionale de santé (ARS).
Parce que l’inertie a assez duré, nous demandons immédiatement la mise en place d’un plan d’urgence national.
L’État doit prendre sa pleine responsabilité et soutenir la Ville de Paris dans le développement d’une action de santé publique d’envergure et doit mener une action forte sur le démantèlement du trafic qui se nourrit des misères humaines en donnant les moyens d’enquête et d’investigation à la Police nationale.
L’hôpital public doit être renforcé, appuyé pour augmenter le capacitaire de psychiatrie ; une réflexion profonde doit porter sur ce que révèle le phénomène croissant de la toxicomanie, tant en matière de maux de notre société que de défaillance des soins à cet égard.
La prise en charge médicale et sociale des usager·e·s de drogue doit se placer au cœur d’un programme d’investissement public en psychiatrie et en santé et s’inscrire dans une logique de répartition territoriale. De nouveaux espaces de consommations et de soins adaptés aux spécificités des consommateurs et consommatrices de crack doivent être créées ; les horaires d’ouverture doivent être étendus, et des lieux d’hébergement à proximité doivent être prévus afin d’éviter les points de stagnation aux alentours. Nous demandons la multiplication des solutions : l’ouverture de plus de lieux réparti à l’échelle de Paris, la métropole et la Région Ile-de-France.
Il y a urgence à se saisir de ce problème de santé et de tranquillité publique qui n’a que trop duré. Nous, élu·e·s communistes de Paris, continuerons de porter ce combat.